
(...) Entre 1991 et 2015, en France métropolitaine, le taux d’équipement en ordinateur à domicile (un au minimum), est passé de 12 à 80 %, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) [1]. Celui du téléphone mobile s’est fortement démocratisé ces dix huit dernières années avec un taux d’équipement de 92 % en 2015, contre 4 % en 1997. Entre 2011 et 2015, le taux de propriétaires de smartphone a été multiplié par trois (de 17 à 58 %). Enfin, en 2015, vingt fois plus de personnes (83 %) se connectent à Internet à domicile qu’en 1998 (4 %).
(...) Pour autant, toute la population est loin d’être plongée dans l’univers 2.0 de la technologie de l’information. La référence permanente aux réseaux sociaux, comme Facebook ou Twitter, met de côté 20 % de la population (pas moins de 11 millions de personnes) qui n’accèdent pas à Internet. Le taux atteint 24 % pour les plus démunis (foyers dont les revenus sont d’environ 1 100 euros mensuels) et 48 % pour les non diplômés. A peine la moitié (48 %) des personnes âgées de plus de 70 ans a un accès à Internet à domicile (...)
Des usages différenciés de l’Internet
Comme pour la télévision, les inégalités se logent de moins en moins dans l’accès mais de plus en plus dans l’usage des nouvelles technologies. Les démarches administratives par Internet concernent la moitié de la population (53 %), mais 88 % des cadres. Près des trois quarts des ménages les plus aisés font des achats sur Internet, contre 45 % des plus modestes.
La moitié de la population utilise les réseaux sociaux pour échanger avec des « amis » ou étoffer leur réseau professionnel. Cela veut aussi dire que la moitié de la population reste à l’écart de la frénésie médiatique sur ce sujet. (...)
Ces nouveaux moyens de communication permettent d’élargir l’accès d’un public plus large à l’information et à la connaissance et participent à la démocratisation de l’accès aux savoirs. La fracture qui persiste est surtout générationnelle (...)
la référence permanente à Internet et aux réseaux sociaux en particulier, comme s’il allait de soi qu’ils sont fréquentés par tous, constitue une violence symbolique pour ceux qui n’ont pas les moyens d’y participer.
Demain, tous les foyers seront peut-être connectés, et auront accès à une offre d’informations et de savoirs quasiment illimitée. La question des contenus et de leur accessibilité au plus grand nombre reste cependant une question majeure. La démultiplication d’un savoir inaccessible sans Internet ne profitera qu’aux plus favorisés, comme une grande partie des autres formes de diffusion du savoir et de la culture. On le voit déjà, l’effort de mise à disposition à un large public d’informations objectives et sérieuses reste rare sur la toile. Les internautes ne possèdent pas tous les clés de compréhension et d’analyse nécessaires devant un tel foisonnement de données et d’actualités.