
Les pesticides sont un moyen de lutte contre les espèces nuisibles pour les cultures agricoles. Efficaces, les produits phytosanitaires modifient l’équilibre de bon nombre de populations sauvages. Toutefois, le manque d’études empêche une reconnaissance claire de ce lien de cause à effet. Dans son numéro consacré aux problèmes des pesticides, la revue Science dresse un bilan des connaissances actuelles.
Ces 50 dernières années, la population du globe a doublé, et l’agriculture s’est intensifiée. Or, la surface des terres arables n’a augmenté que de 10 %. l’usage s’est dans le même temps fortement accru pour que la production suive. L’inquiétude des pouvoirs publics et des consommateurs sur les effets environnementaux indésirables des produits phytosanitaires n’a cessé de croître depuis les années 1960. Craintes ayant un fondement, puisque de plus en plus appuyées par la science.
Les écotoxicologues Heinz Köhler et Rita Triebskorn, chercheurs à l’université Tübingen (Allemagne), ont réalisé un état de l’art des études scientifiques actuelles sur l’impact global des pesticides. Publiée dans une édition spéciale de Science, l’étude dresse un bilan des connaissances sur les actions moléculaires des pesticides et leurs interactions possibles avec les processus biologiques de la faune et la flore sauvages.
Un manque évident d’études scientifiques réalisées in situ a empêché jusqu’à présent une reconnaissance indiscutable des effets des pesticides biochimiques sur les populations d’espèces. « Bien qu’il existe de nombreuses indications sur les changements dans les populations animales et les écosystèmes en raison de l’évolution des pesticides, il y a peu d’études prouvant leur évidente connexion. », expliquent les chercheurs. Néanmoins, ces 25 dernières années, des recherches en laboratoire ont développé un nombre croissant d’études en mésocosme, c’est-à-dire dans un milieu reproduisant les conditions de vie réelles. (...)