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Les problèmes de santé mentale peuvent à la fois être la cause et la conséquence des déplacements
Article mis en ligne le 19 juin 2022

Alors que la pénurie de médicaments a contraint certaines personnes souffrant de problèmes de santé mentale à fuir le Venezuela, le stress lié aux voyages en quête de sécurité à travers les Amériques en a poussé d’autres à la dépression.

Leo Medina n’était qu’un adolescent lorsqu’il a appris qu’il était atteint de schizophrénie. C’était au Venezuela, à la fin des années 1990, lorsque la nation sud-américaine était une puissance pétrolière et gazière et que les produits importés étaient largement disponibles, y compris les médicaments dont Leo avait besoin pour atténuer les effets de sa maladie mentale.

Mais à mesure que le Venezuela s’enfonçait dans une profonde crise économique et politique au cours de la dernière décennie, les médicaments de Leo sont devenus de plus en plus difficiles à trouver. À l’image des pénuries alimentaires dans les supermarchés du pays, les étagères des pharmacies vénézuéliennes se sont progressivement vidées à mesure que les médicaments se faisaient rares.

Face à la réduction des stocks, les parents de Leo, Héctor et Yesmaira, n’ont eu d’autre choix que de réduire le dosage quotidien. Alors que Leo prenait quatre comprimés par jour, « Nous sommes passés à trois, puis à deux et, finalement, à un seul », se souvient Héctor. (...)

Leo s’est enfoncé dans une spirale, subissant une terrifiante série de crises liées à sa maladie. (...)

La situation était si critique que les parents de Leo ont rejoint les rangs des plus de 6 millions de Vénézuéliens qui ont fui le pays ces dernières années, laissant tout derrière eux - une maison confortable, plusieurs voitures et une entreprise florissante de production de desserts - dans le but d’assurer à Leo les soins vitaux dont il avait besoin. La famille s’est rendue au Guatemala, où la sœur de Leo vivait depuis son mariage avec un ressortissant de ce petit pays d’Amérique centrale plusieurs années auparavant.

« J’ai passé un an et demi dans un bien mauvais état. »

Au Guatemala, les médecins d’un hôpital public ont immédiatement pris en charge Leo. Un nouveau diagnostic a été établi. Il n’était plus question de schizophrénie mais de trouble bipolaire. Les médicaments dont il avait besoin lui ont également été fournis. C’était il y a plus d’un an et, malgré quelques revers, l’évolution de Leo est tout à fait remarquable. (...)

Compte tenu de l’ampleur des besoins humanitaires auxquels doivent faire face les personnes contraintes de fuir leur foyer, les problèmes de santé mentale des personnes déracinées ont longtemps eu tendance à être relégués au second plan. Mais des études ont montré que les personnes déplacées ont tendance à être confrontés davantage à certaines maladies mentales que le reste de la population. Une étude de 2019 publiée dans la revue scientifique The Lancet a démontré que « le fardeau que représentent les troubles mentaux est très lourd dans les populations touchées par les conflits », tandis qu’une étude de 2020 publiée dans Plos Medicine a suggéré que « les réfugiés et demandeurs d’asile adultes présentent des taux élevés et persistants de syndrome de stress post-traumatique et de dépression. »

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s’efforce de faire de la santé mentale et du soutien psychosocial une partie intégrante de son travail - en particulier sur fond de pandémie de Covid-19, avec son lot non négligeable d’isolement, de perte de moyens de subsistance et d’incertitude quant à l’avenir. (...)