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Ouest-France
Les professionnels du social face à une pénurie de bras
Article mis en ligne le 11 octobre 2021

Le secteur du médico-social peine plus que jamais à recruter. Dans les Pays de la Loire, 1 300 postes sont à pourvoir urgemment. Plusieurs associations s’unissent pour alerter « avant qu’il n’y ait des drames ».

« Hémorragie », « crise invisible » , « souffrance à bas bruit », « au pied du mur » … Autour de la table, les professionnels du secteur ne mâchent pas leurs mots : les métiers sanitaires, sociaux et médico-sociaux sont en grande difficulté. Manque de reconnaissance, recrutements à la peine, absentéisme à la hausse… Les équipes sont épuisées et « se disent méprisées, un mot qu’on n’avait jamais entendu dans notre secteur », alerte Katy Lemoigne, qui dirige une association de protection de l’enfance en Mayenne. (...)

« La vocation ne suffit plus »

Le problème n’est pas nouveau, mais a été aggravé par la crise sanitaire et par « le scandale du Ségur de la santé, injuste pour certains métiers oubliés qui n’ont pas été revalorisés », pointe Marc Marhadour, délégué régional de l’organisation professionnelle Nexem. Encore plus qu’avant la crise, les métiers du social « souffrent d’un problème d’image : les salaires sont bas, les conditions de travail difficiles. La vocation ne suffit plus à attirer », continue Marc Marhadour. Résultat : la main-d’œuvre devient rare, et les reconversions nombreuses. Jean-Yves Gélinier, directeur d’une maison d’accueil spécialisée en Mayenne, a par exemple vu partir « deux anciens stagiaires, aides-soignants diplômés, devenus maçons pour gagner quelques centaines d’euros par mois en plus et faire vivre leurs familles » . (...)

Cette hémorragie de main-d’œuvre est confirmée par les statistiques régionales de Pôle Emploi : 1 298 postes sont à pourvoir actuellement dans le secteur, qui emploie près de 50 000 salariés dans les Pays de la Loire. « Certaines associations ont des centaines de postes vacants (aides-soignants, infirmiers), et sont contraintes de fermer des services », rapporte Eric Duprez, vice-président de l’Uriopss Pays de la Loire. Depuis janvier 2021, dans la région, 75 structures ont déjà dû supprimer des accompagnements, faute de personnel.

Inégalités d’accès aux droits

« C’est un cercle vicieux : faible salaire, faible attrait, manque de personnel, donc report de la charge de travail sur les salariés présents, et usure professionnelle, qui entraînent des arrêts et démissions qu’on n’arrive plus à pallier, résume Jean-Yves Gelinier, également représentant régional de la Croix-Rouge. On passe des annonces partout mais cela ne suffit pas. » (...)

Derrière les questions d’effectifs, les professionnels du secteur rappellent les enjeux humains. « Quand on n’arrive pas à recruter des aides à domicile, concrètement ça veut dire que des personnes âgées ou handicapées ne peuvent pas se lever le matin ni aller aux toilettes de la journée, souligne Étienne Valois, de l’Association des paralysés de France. Cela pose de vraies questions en termes de défense des droits des plus fragiles. »