Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
le Monde Diplomatique
Les prospérités du vice
Article mis en ligne le 4 décembre 2017
dernière modification le 3 décembre 2017

Depuis le sociologue allemand Max Weber et son livre « L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme », on se représente le capitalisme comme ascétique, rigoriste, autoritaire, puritain et patriarcal. Et, depuis près d’un siècle, on se trompe. Comme le montre la lecture et la redécouverte de Bernard Mandeville, médecin et philosophe du XVIIIe siècle, et de sa « Fable des abeilles ».

Intitulée La Ruche murmurante ou les Fripons devenus honnêtes gens dans sa première version de 1705, La Fable des abeilles raconte l’histoire d’une ruche florissante où prospèrent non seulement tous les métiers, mais aussi et surtout tous les vices, la cause de sa prospérité tenant précisément à ce que tous ses habitants sont peu ou prou voleurs. Hantés par la culpabilité, ils décident de devenir honnêtes. Dès lors, les (très nombreuses) activités qui vivent du malheur d’autrui disparaissent, et la ruche dépérit.

Le message est clair : pour faire le bonheur de vos concitoyens, soyez malhonnête et débarrassez-vous de tout scrupule… Bernard Mandeville développe pendant vingt-quatre ans, dans des dizaines de textes et des centaines de pages, les implications de ce qu’il appelle « une espèce de conte mis en de mauvaises rimes ». Il en résulte un texte en plusieurs volumes intitulé La Fable des abeilles ou Vices privés, vertus publiques, bientôt traduit en français, grâce notamment à l’intérêt que lui porte Voltaire. (...)