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Libération
Les relations franco-russes s’exposent à Versailles
Article mis en ligne le 29 mai 2017

Après un quinquennat Hollande où les relations entre Moscou et Paris se sont tendues, le président Macron reçoit ce lundi Poutine à l’occasion d’une exposition au Grand Trianon. Syrie, Ukraine, affaire Ioukos, MacronLeaks… Des dossiers chauds sont sur la table.

En visite à la cour française en 1717, Pierre le Grand, séduit par « l’enfant roi » Louis XV, a eu un geste spontané qui a marqué l’histoire, saisissant dans ses bras le jeune monarque avec une affection toute paternelle… Pour dédramatiser son premier rendez-vous avec Vladimir Poutine, l’un des doyens de la géopolitique internationale, Emmanuel Macron, le plus jeune chef d’Etat élu au monde, a décidé d’organiser une petite réunion régalienne sous les ors du Grand Trianon et les auspices d’une exposition célébrant la rencontre, il y a trois cents ans, entre le premier empereur de Russie et le roi de France. Une entrevue à Versailles, c’est aussi un « clin d’œil à Mitterrand » qui y avait organisé le G7 en 1982, assure Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement.

Cette audience complète le premier marathon diplomatique - examen d’entrée sur la scène internationale - du nouveau président français, qui a fait connaissance avec ses principaux homologues étrangers, à Bruxelles lors d’un mini-sommet de l’Otan, jeudi, suivi du G7 en Sicile vendredi et samedi (lire ci-contre), séquence dont le nouveau locataire de l’Elysée s’est plutôt bien sorti. Mais Vladimir Poutine n’en était pas. Pour l’Elysée, la session de rattrapage de lundi est donc d’autant plus importante « qu’on suspectait ce jeune homme [Emmanuel Macron] de ne pas avoir la carrure d’un président de la République et de ne pas être en mesure d’incarner et de défendre la France », selon Castaner. La visite du monarque russe, il y a trois siècles, fonda les liens diplomatiques entre la France et la Russie. Celle de Vladimir Poutine a vocation à relancer une relation qui s’est détériorée ces dernières années, après une décennie plutôt heureuse. Jacques Chirac avait rendu hommage à l’amitié franco-russe en décorant en douce Vladimir Poutine de la Légion d’honneur, en 2006. Nicolas Sarkozy continue de se faire inviter pour une tasse de thé à Novo Ogarevo (résidence de Poutine en banlieue de la capitale) à chaque fois qu’il passe à Moscou. Mais le quinquennat de François Hollande aura marqué un net refroidissement dans les relations entre les deux pays. Moins à cause de désaccords bilatéraux qu’à cause d’un contexte plus large d’une discordance croissante entre la Russie et l’Occident, consommée en 2014, avec l’annexion la Crimée et qui s’est cristallisée à travers la guerre en Syrie. Entre autres camouflets, Hollande avait d’abord renoncé à livrer à la Russie des Mistral déjà vendus (2015). Puis il avait refusé de recevoir Poutine à Paris, en octobre 2016, à moins que ce ne soit que pour parler de la Syrie, alors que le président russe avait prévu cette visite privée pour inaugurer le nouveau Centre culturel russe et la cathédrale orthodoxe quai Branly. (...)