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Les riches en France : de qui parle-t-on ?
Article mis en ligne le 10 septembre 2014
dernière modification le 2 septembre 2014

quel niveau devient-on riche ? En utilisant plusieurs méthodes différentes, nous aboutissons à environ 3 000 euros mensuels pour une personne seule, 5 500 euros pour un couple et 7 000 euros pour un couple avec deux enfants. L’analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

(...) Première définition : la richesse, c’est le double du revenu médian

Pour évaluer le seuil de la richesse, pourquoi ne pas partir du revenu médian ? [1] Longtemps, le seuil de pauvreté a été défini de façon arbitraire comme la moitié de ce revenu médian. Pourquoi ne pas fixer le seuil de richesse au double [2] ? Une proposition ni plus ni moins absurde que le seuil de pauvreté, pourtant utilisé sans ménagement. On entre dans le club des riches à partir de 2 900 euros par mois pour une personne seule (après impôts et prestations sociales, données 2011), 5 700 euros pour un couple sans enfant et 7 700 euros pour un couple avec deux enfants. (...)

Deuxième définition : la richesse, c’est le seuil des 10 % les plus riches

Appartenir au dixième le plus favorisé, cela représente symboliquement quelque chose. En tous cas, on ne peut plus se dire « moyen », même si certains commentateurs le font. Avec ce seuil on obtiendrait des valeurs un peu inférieures à la définition précédente. Il se situe à 2 800 euros pour une personne seule, 5 500 euros pour un couple sans enfant et 7 100 euros pour un couple avec deux enfants. Cette pratique a tout de même un inconvénient majeur : par définition, la proportion de personnes aisées ne varie jamais. C’est le seuil qui change et non le taux. (...)

Troisième définition : la richesse selon l’opinion

Une autre méthode qui consiste à poser la question par sondage à la population. Elle n’est pas très fiable compte tenu de la difficulté de réunir un échantillon représentatif, incluant notamment les plus démunis, et de l’impact du bruit médiatique sur le sujet au moment où sont posées les questions Un sondage de l’Ifopen 2011 situait la barre à 8 300 euros pour un couple avec deux enfants. L’année d’avant, elle était inférieure de 1 800 euros : 6 500 euros. Mais ces données n’intègrent pas les impôts. Poser une question à une population qui n’a pas vraiment connaissance des niveaux de revenus aboutit à une réponse dont la valeur n’a qu’un intérêt réduit. Ceci dit on obtient un ordre de grandeur équivalent au revenu médian par deux, aux alentours de 7 500 euros pour un couple avec deux enfants [3].

Quatrième définition : les seuils de l’impôt

Les parlementaires se sont très souvent posé la question du niveau de la richesse sans le nommer explicitement : il leur faut définir un niveau maximum de revenu qui permet de bénéficier de certains avantages fiscaux. Au-delà, on juge que l’on est assez riche pour ne plus en avoir besoin. Si l’on prend certaines niches fiscales, le seuil de richesse a dégringolé. En 2009, on pouvait obtenir un maximum de 25 000 euros de réduction d’impôts, contre 10 000 euros en 2014, en utilisant les niches fiscales [4]. Pour être redevable d’un impôt de 10 000 euros et donc bénéficier de la réduction maximale (au-delà, ce serait trop), un célibataire n’ayant aucune autre déduction doit disposer d’environ 4 800 euros mensuels : le seuil est donc bien supérieur au double du revenu médian. Mais ce maximum est le même qu’il s’agisse d’une personne seule, d’un couple ou d’une famille. Dans ces derniers cas, on se situe en-deçà des seuils de richesse déterminés précédemment.

Cinquième définition : un patrimoine qui rapporte sans rien faire (...)

Sixième définition, la richesse en conditions de vie

Une dernière méthode d’estimation de la richesse pourrait être utilisée : la richesse en conditions de vie. L’Insee mesure la part de la population qui n’a pas les moyens d’accéder à tel ou tel bien de consommation ou d’avoir recours à tel ou tel service : il s’agit de la pauvreté dite « en conditions de vie ». (...)

Conclusion : l’argent a mauvaise presse

L’argent a mauvaise presse en France. Il n’est pas « convenable » de faire étalage de sa richesse. Les catégories les plus aisées ont tout à gagner à cette pudeur collective qui masque la réalité des revenus des plus favorisés. Est-on riche avec 2 900 euros ? 4 000 euros ? 10 000 euros ? A ce niveau, on reste bien modeste rapporté aux patrons des plus grandes entreprises qui chiffrent leurs revenus en centaines de milliers d’euros. On est toujours le pauvre d’un autre. Surtout en France où cela permet de se défausser de la solidarité sur le voisin du dessus. Une position confortable. Cela n’empêche qu’il existe, au sein des populations les plus riches, des écarts de taille. (...)