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Futura-Sciences
Les sonars poussent les baleines au suicide
Article mis en ligne le 3 février 2019
dernière modification le 31 janvier 2019

Depuis plusieurs décennies, l’usage de sonars à des fins militaires est associé aux échouages en masse de baleines pourtant en bonne santé. Dans une nouvelle étude, des chercheurs expliquent enfin comment cette perturbation sonore mène ces mammifères marins à la mort.

C’est notamment à la suite d’un échouage massif de baleines dans les îles Canaries, en septembre 2002, que les soupçons qui pesaient sur la responsabilité des sonars ont été confirmés. Alors qu’un exercice militaire de l’OTAN se déroulait sur place, 14 baleines se sont échouées. L’événement a conduit à une interdiction par l’Espagne de ce type d’exercices dans la région. Depuis, aucun échouage massif n’y a été recensé.

Les scientifiques ont fait le lien il y a longtemps déjà. Mais ils ignoraient toujours quel mécanisme était en cause. Dans une nouvelle étude, des experts avancent une idée : les baleines échouées sont les victimes d’accidents de décompression provoqués par la peur. Une sorte de suicide en réponse à des sons qui leur apparaissent insupportables.

Une conclusion étonnante. En effet, l’évolution a doté la baleine des moyens de plonger plusieurs heures dans les profondeurs. Pour ce faire, elle ralentit sa fréquence cardiaque et restreint son débit sanguin. Elle réduit ainsi sa consommation d’oxygène et empêche l’accumulation d’azote. Alors, comment est-il possible qu’elle se retrouve avec des bulles d’azote mortelles dans le sang comme cela pourrait arriver à un plongeur novice et imprudent ? (...)

« En présence d’un sonar, les baleines sont stressées et elles nagent au plus vite pour s’éloigner de la source de ce stress. Et cela impacte leurs habitudes de plongée, explique Yara Bernaldo, de l’université de Las Palmas (Espagne). C’est comme un coup d’adrénaline. La réponse au stress est tellement forte qu’elle prend le pas sur la maîtrise naturelle de la plongée. » (...)

Ainsi, les chercheurs appellent-ils à une interdiction des exercices militaires dans les régions du globe les plus touchées par les échouages massifs de baleines. Ou au moins, à réduire l’exposition des espèces les plus vulnérables. En mer Méditerranée, par exemple. « Le problème est compliqué, mais nous allons faire pression », concluent les auteurs de l’étude.