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Les stations d’épuration par les plantes, une solution d’avenir pour traiter les eaux usées ?
Article mis en ligne le 5 janvier 2018

Les stations d’épuration classiques, où s’accumulent des boues concentrant les polluants, ne sont pas les seuls systèmes à pouvoir être installés pour traiter les eaux usées. Des communes, mais aussi des particuliers, ont choisi de nettoyer leurs eaux grâce à des filtres plantés qui reproduisent les systèmes d’épuration naturels existant dans les zones humides : la phytoépuration. Bien qu’exigeante à mettre en œuvre, cette phytoépuration est souvent plus performante. Et favorise parfois une réduction des quantités d’eau consommées. Reportage.

Un espace vert de huit hectares, planté de saules et de roseaux, vers où convergent les égoûts : voilà à quoi ressemble de loin la « station d’épuration » de la commune de Bouvron, 2000 habitants, entre Nantes et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Vu de près, le système est plus complexe. Les eaux usées qui arrivent à la station sont d’abord « dégrillées » : les gros déchets sont retenus par une simple grille, et les plus fins par des tamis à mailles fines, avant que l’eau ne file vers trois bassins plantés de roseaux qui permettent, à chaque étape du traitement, d’affiner la qualité de l’eau. Le système utilise également des couches de sable et de graviers de plus en plus fins.

Ce système de nettoyage de l’eau reproduit en fait un écosystème épuratoire naturel, que l’on trouve notamment dans les zones humides. Les bactéries présentes dans les racines des plantes se nourrissent des effluents, dégradent la matière organique, et la transforment en matière minérale assimilable par les plantes. En retour, les plantes aquatiques fournissent de l’oxygène aux bactéries, via leurs racines.

Un volume d’eaux à traiter divisé par deux (...)

« Nous avons aussi mis en place, partout, un réseau séparatif, qui permet de ne pas avoir à traiter l’eau de pluie. Avant, les eaux pluviales théoriquement "propres", étaient mélangées aux usées, pour être traitées également avant de retourner au milieu naturel. » Des petits gestes ont également été encouragés, avec par exemple la distribution gratuite de limiteurs de consommation d’eau aux particuliers. Résultat de ce travail réalisé en amont : un volume d’eau à traiter divisé par deux.

« Le système fonctionne encore mieux que prévu » (...)

Une étude atteste par ailleurs de la robustesse des dispositifs de phytoépuration, même en période de subite et forte affluence dans des zones touristiques comme les campings. (...)

Les systèmes de phytoépuration se développent aussi du côté des particuliers. En France, 5 millions de personnes ne sont pas desservies par le tout-à-l’égout, et doivent traiter elles-mêmes leurs eaux usées. On parle d’assainissement autonome, ou d’assainissement non collectif. Pendant longtemps, les filtres plantés ont été utilisés de manière expérimentale. Les particuliers désireux d’utiliser ce système « hors des clous » devaient signer des conventions avec leur mairie, et devaient parfois renoncer, ou procéder à des installations non autorisées.

Depuis 2009, certains procédés sont agréés par le gouvernement. (...)

La principale contrainte, reprend Martin Werckmann, c’est l’emprise au sol. La phytoépuration prend de la place : entre 10 et 20 m2 pour une famille de cinq personnes. L’installation est visible, et ne peut être déplacée. Éligible au prêt à taux zéro, un système de filtres plantés coûte de 8000 à 11 000 euros. Mais les systèmes auto-construits (non éligibles quant à eux) peuvent coûter moins de 2000 euros. Autre avantage : La plupart des procédés de traitement, en station d’épuration collective ou en assainissement non collectif, produisent des boues qui sont ensuite incinérées, mises en décharge, ou épandues en agriculture. Ce n’est pas le cas de la phytoépuration. « Le massif filtrant s’autorégule, précise Martin Werkmann. Il n’y a pas de production de boues. » La phytoépuration a peut-être un bel avenir devant elle.