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Les « toutous » de l’État sécuritaire
Article mis en ligne le 14 septembre 2013
dernière modification le 10 septembre 2013

Nous publions ci-dessous, avec leur autorisation et en tribune [1], un article paru le 28 août dernier sur le site SocialistWorker.org [2]. Il démontre, à partir d’une analyse du lynchage médiatique des deux « lanceurs d’alertes » Chelsea Maning et Edward Snowden, qu’Outre-Atlantique aussi, l’élite des médias est au service des puissants et du gouvernement.

Non seulement les médias dominants négligent l’érosion de nos droits et de nos libertés civiques, mais personne mieux qu’eux n’entonne le refrain justifiant la répression du gouvernement

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Pour les grandes signatures des médias dominants américains, il est plus important d’être les porte-paroles des puissants que de poser les questions les plus élémentaires concernant l’érosion de nos droits et de nos libertés civiques.

Telle est en effet l’attitude de la plupart des médias américains à l’égard des révélations des crimes de l’État sécuritaire américain et de sa machine de guerre, comme à l’égard de la guerre menée par le gouvernement contre les lanceurs d’alerte tels que Edward Snowden et Chelsea Manning (ex-Bradley Manning) à l’origine des fuites ayant dénoncé ces crimes.

De nombreuses figures issues du journalisme soi-disant respectable se sont succédé pour jeter l’opprobre non seulement sur Snowden et Manning, mais également sur les journaux et les sites internet ayant publié leurs révélations – bien souvent avec plus d’ardeur que les responsables du Pentagone et les espions eux-mêmes. Tout ceci constitue une leçon de choses sur « la plus grande démocratie du monde » : les révélations des atrocités commises lors de la guerre anti-terroriste en Afghanistan, en Irak et ailleurs, ainsi que le programme de surveillance à grande échelle de l’Agence nationale de la sécurité intérieure (NSA) mené au nom de « la protection du peuple américain » ont montré une fois encore, comme Martin Luther King Jr. le déclarait il y a près d’un demi-siècle, que le plus grand pourvoyeur de violence et de répression au monde est le gouvernement américain. (...)

Depuis que le lanceur d’alerte Edward Snowden a divulgué au public les informations relatives à la NSA et à la surveillance du gouvernement (aidé en cela par le journaliste Glenn Greenwald et la documentariste Laura Poitras), il ne s’est quasiment pas passé une semaine sans que l’on ne découvre une entrave à nos droits et nos libertés – depuis l’ampleur de l’espionnage du gouvernement jusqu’à la coopération des entreprises liées aux télécommunications et à internet en matière de surveillance électronique.

Ces éléments en ont scandalisé plus d’un aux États-Unis, mais la réaction est incontestablement plus timide qu’elle ne l’a été en Grande-Bretagne ou en Allemagne dans des situations semblables. L’une des raisons principales est que les médias dominants ont fait flèche de tout bois non pas contre le gouvernement Obama mais contre les lanceurs d’alerte comme Snowden. (...)

Comme Poitras l’a écrit dans un article sur Miranda paru dans Der Spiegel, « révéler les partenariats secrets entre des agences d’espionnage et des entreprises de télécoms à qui l’on confie les communications privées des citoyens, c’est du journalisme, pas du terrorisme. »

Qu’une telle phrase ait besoin d’être écrite montre à quel point la liberté de la presse est aujourd’hui menacée – parfois par ceux-là mêmes qui disent l’incarner.

Mais un exemple plus frappant encore est l’appel à « davantage de surveillance, s’il vous plaît », comme l’a requis Gordon Crovitz dans le titre de sa chronique pour le Wall Street Journal. (...)

À SocialistWorker.org, nous sommes fiers d’être aux antipodes des ces « toutous », aux côtés de Chelsea Manning, Edward Snowden et Glenn Greenwald. Nous sommes fiers de prendre position et méprisons les médias dominants qui font mine d’être outrés par une Miley Cyrus en petite tenue lors de la cérémonie des MTV Video Music Awards, tout en oubliant au même moment l’érosion de nos libertés et de nos droits fondamentaux.