
Samedi 30 et dimanche 31 janvier, plus d’un millier de personnes sont venues participer aux chantiers collectifs organisés sur la Zad. Une action festive et mobilisatrice, alors que le mouvement entend maintenir la pression pour l’abandon du projet d’aéroport.

Les menaces d’intervention du gouvernement ne semblent pas atteindre l’énergie communicative qui émane de la Zad (zone à défendre), alors même que la justice vient de valider l’expulsion d’occupants et paysans « historiques », et que la répression continue de s’abattre sur les militants (interpellations, gardes à vue, procès...).
Nourrie de la confiance et de la force accumulées lors de récentes aventures imaginées ensemble (tracto-vélo de 500 km sous état d’urgence, "prise" de Versailles lors d’un mémorable banquet, occupation du pont de Cheviré, opérations escargots, blocages), les différentes composantes du mouvement font bloc et continuent d’inventer l’avenir de la Zad.
En témoigne la réponse en forme de joyeux et constructif bras d’honneur aux bétonneurs, suite aux appels d’offres lancés fin octobre 2014 par AGO (Aéroport du grand ouest, la filiale de Vinci qui veut construire l’aéroport). Dans un communiqué visant à remplacer et annuler les appels d’offres officiels, des chantiers ont été lancés, « destiné à renforcer les structures collectives, matérielles, agricoles, défensives et festives existantes sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ». Ils se poursuivront sur la ZAD tout au long de l’année.
Résultat de l’appel : un millier de personnes (collectifs de soutien, sympathisants, curieux) ont débarqué ce weekend des 30 et 31 janvier sur la Zad sous une pluie battante, armés d’outils et de bottes, de victuailles et d’énergie. Une trentaine de lieux de vie ont proposé des chantiers et accueilli les travailleurs bénévoles. La Zad ne connait pas la crise : le « bourreau d’embauche », assailli, a enchainé les entretiens (...)
espoir tricoté par les liens qui se tissent entre des sympathisants qui se rencontrent ou se retrouvent, des comités qui se découvrent et s’organisent. (...)
ça s’active dans tous les sens : pelles, marteaux, scies, sont de sortie, le coeur est à l’ouvrage. Comme le résume Seb, du Comité de Bordeaux, « c’est une lutte ou tout le monde se réunit autour d’une vision des choses, et on y bosse ensemble ». S’investir sur le lieu, pour mieux le défendre ensuite ? Malgré l’apparente reculade de Manuel Valls, la méfiance reste ici de mise. « On est aussi là pour se préparer à une éventuelle attaque du gouvernement », rappelle Alex, 25 ans. « Beaucoup de monde viendra alors défendre la zone, on prépare les structures pour les accueillir. » (...)
Dimanche, après deux jours de rencontres, de chantiers, de ripailles, de discussions et de rencontres, les travailleurs bénévoles se sont retrouvés lors d’un pot de clôture doublé d’une cérémonie festive et satirique où les comités de soutien et les lieux de vie ont pu être très officiellement « unis par les liens du jumelage ! » Avec l’envie et la promesse de se retrouver très vite lors d’actions et de rencontres entre comités avant une mobilisation d’ampleur prévue le 27 février.
Sur la D81 débordante de voitures garées de chaque côté comme à l’époque des expulsions en 2012, un panneau fraichement créé vient d’être posé sur le bas coté. Noir et rouge, il enjambe un flux d’eau de pluie qui court le long d’une haie emblématique de cette zone humide aussi protégée que menacée. Un avertissement ? Un message ? « Bienvenue à la Zad. »