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Les trois scénarios d’après 2012
Hervé Kempf - 8 août 2011, Extrait de : L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie (p. 129-130)
Article mis en ligne le 25 août 2011
dernière modification le 5 mars 2016

Nous commençons à vivre le resserrement de l’écart extraordinaire des richesses qu’a creusé le monde depuis deux siècles.

Ce resserrement ne pourra pas se faire seulement par un relèvement du bas. En raison des limites écologiques, tous les habitants de la planète ne pourront pas vivre comme un Etats-Unien, ni comme un Européen ou un Japonais, d’ailleurs. La réduction de l’écart des richesses devra s’opérer par un abaissement important du haut. La politique de la biosphère indique une direction à contre-courant de tout le discours dominant : les Occidentaux doivent réduire leur consommation matérielle et leur consommation d’énergie, afin de laisser une marge d’augmentation à leurs autres compagnons de planète. L’appauvrissement matériel est le nouvel horizon de la politique occidentale. L’appauvrissement matériel des Occidentaux est le nouvel horizon de la politique mondiale.

Ainsi se dessine le cadre des choix politiques qui se présentent aux sociétés occidentales. On pourrait le décrire sous forme de trois scénarios : oligarchique, de gauche productiviste, écologiste. Les deux premiers scénarios sont croissancistes, c’est-à-dire adhèrent à l’idéologie selon laquelle la croissance économique améliore la situation générale. (...)

 Dans le scénario oligarchique, la classe dirigeante refuse la logique de la situation, et continue de proclamer la nécessité d’augmenter l’abondance matérielle par la croissance du PIB. (...)

 Dans le scénario de gauche croissanciste, les dirigeants s’obstinent à chercher la croissance du revenu moyen, en corrigeant cependant l’inégalité sociale, à la marge pour ne pas heurter les « élites économiques ». (...)

 Dans le scénario écologiste, les dirigeants convainquent les citoyens que la crise écologique détermine l’avenir proche. Remettant explicitement en cause la démesure de la consommation matérielle, la politique économique réoriente une part de l’activité collective vers les occupations à moindre impact écologique et à plus grande utilité sociale – l’agriculture, l’éducation, la maîtrise de l’énergie, la santé, la culture… La création d’emplois ainsi permise rend populaire cette politique, permettant d’engager ouvertement la lutte contre les privilèges de l’oligarchie : le système financier est socialisé et les inégalités sont drastiquement réduites. (...)

Ce tableau appelle plusieurs remarques. Sur le fond, il signifie qu’il nous faut reconquérir la démocratie dans un contexte mental radicalement différent de celui dans lequel elle s’est développée. Durant les XIXe et XXe siècle, elle a grandi et convaincu parce qu’elle était une promesse d’amélioration du sort du plus grand nombre, promesse qu’elle a accomplie, en association avec le capitalisme. Aujourd’hui, le capitalisme délaisse la démocratie, et il nous faut la revigorer en annonçant un bien-être, un « bien vivre », fondamentalement autre que celui qu’il fait briller. (...) Wikio