
Pour réaliser la transition écologique, les villes moyennes sont un atout essentiel, selon les auteurs de cette tribune. Proposant un cadre de vie agréable tout en rendant les commerces et nécessités accessibles sans voiture, elles pourraient être le fer de lance de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Centres-villes saturés ou désertés, règne de la voiture individuelle, étalement urbain, îlots de chaleur, forte dépendance alimentaire au marché agricole mondial... Construire des villes plus écologiques — c’est-à-dire (notamment) qui émettent le moins de gaz à effets de serre possible, tout en étant plus agréables à vivre — devient urgent. Pour ce faire, nous pensons qu’il est essentiel de nous appuyer sur les villes moyennes. (...)
Ces villes, qui comptent entre 20.000 et 200.000 habitants, et abritent un quart de la population française, présentent des atouts insoupçonnés pour imaginer une transformation en profondeur de l’organisation de nos territoires et de nos modes de vie, au profit d’une véritable transition écologique. Leurs spécificités par rapport aux grandes métropoles sont nombreuses : tissu urbain bien moins dense qui permet de préserver un cadre de vie relativement apaisé, proximité avec les territoires ruraux, plus grande possibilité de démocratie locale… (...)
Une des solutions consiste à développer des « quartiers mixtes », où il soit possible de tout faire à pied ou en vélo. Ces îlots de vie allient en général lieux de résidence, de commerces, d’emplois, d’activités culturelles, comme dans le quartier du Grand Large, à Dunkerque. Élément central de ce dispositif, l’habitat intermédiaire — sorte d’hybride, de trois étages, entre la maison individuelle et l’immeuble, avec jardin ou cour. Une solution judicieuse pour répondre à la fois aux besoins de calme et d’espace des habitants et à la création d’une densité de population suffisante à l’essor des commerces de proximité. (...)
À l’heure où de nombreux habitants des métropoles disent vouloir changer de cadre de vie, cette autre façon d’envisager la vie en ville pourrait constituer un nouveau modèle de développement, qui augmenterait l’attractivité des villes moyennes.
Faciliter les projets de résilience agricole (...)
Par exemple, grâce aux « Projets alimentaires territoriaux » (PAT), accords qui peuvent être signés entre une ville et des communes rurales voisines. Par ce biais, la ville peut subventionner l’installation d’agriculteurs, bio de préférence, qui, ensuite, fourniront en produits locaux les cantines et, autant que faire se peut, les restaurateurs et les citoyens. Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes, s’est déjà engagée dans un PAT et a aussi créé une Maison d’éducation à l’alimentation durable (MEAD).
Cette façon de relocaliser les pratiques alimentaires ouvre la possibilité de se rapprocher d’une certaine forme d’autosuffisance alimentaire des territoires, et aurait des conséquences importantes sur la réduction des gaz à effets de serre puisque le transport des denrées représente près de 20 % des gaz à effet de serre liés à notre alimentation.
Aujourd’hui, un constat s’impose : de nombreux projets d’énergies renouvelables ne sont pas pensés en adéquation avec les spécificités des territoires et de leurs habitants — trop peu consultés. (...)
Une démocratie locale plus facile à mettre en place
Les élus des villes moyennes le reconnaissent : parce qu’il existe une plus grande proximité entre citoyens et décideurs locaux dans ces villes que dans les grandes métropoles, il sera plus aisé d’y développer des projets en concertation avec les habitants et les communes rurales voisines, et de les faire aboutir, par une plus juste attention au territoire et à ses habitants.
Dans le cadre de « projets à gouvernance locale », dits aussi « projets citoyens » (regroupés sur cette carte d’Énergie partagée), ces villes peuvent associer les citoyens et les collectivités aux différentes étapes du projet : choix de l’énergie, lieu d’installation, montage, financement. Ce qui donne de belles réussites (...)
Un cadre qui favorise le développement de pratiques plus sobres
Ces projets qui associent les citoyens favorisent aussi leur prise de conscience des enjeux environnementaux et climatiques, essentielle au développement de pratiques plus sobres (...)
Pourquoi ne pas encourager ce désir d’investissement via des conventions citoyennes locales ? Bien sûr, en veillant à établir des procédures qui engagent les élus à mettre en œuvre l’aboutissement de la concertation, pour éviter que les citoyens ne se sentent trahis, comme c’est le cas aujourd’hui avec la Convention citoyenne pour le climat. (...)