Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Libération
Les voix du Nord de La France insoumise
Article mis en ligne le 25 septembre 2017

Pugnaces et éloquents députés des Hauts-de-France, Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis s’appliquent à combattre l’exécutif et rêvent de bousculer les certitudes de la majorité

(...) ces jours-ci, Quatennens et Bernalicis se passent le relais à l’Assemblée nationale.

Cet été, le premier a donné du fil à retordre à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui demandait aux parlementaires d’habiliter l’exécutif à réformer le droit du travail par ordonnances, publiées ce samedi au Journal officiel.

Le second, avec sa collègue Danièle Obono, va ferrailler contre le projet de loi sur la sécurité intérieure, discuté à partir de lundi.

Quatennens, humour pince-sans-rire, yeux bleus perçants et repérable à sa brosse rousse aussi soigneusement taillée qu’un jardin anglais, s’est déjà forgé une petite notoriété médiatique. Bernalicis, le brun plus volubile et tout jeune père de famille, va tenter d’imposer dans les débats le mot-valise « démocrature » pour dénoncer une loi qui instituera, selon lui, un « état d’urgence permanent ». (...)

Alors que cet été, les députés de la majorité sont, pour la plupart, passés pour des bizuts largués dans les méandres de la procédure parlementaire et obligés de plaider la « phase de rodage », les insoumis, eux aussi primo-députés, ont semblé directement opérationnels et prêts à en découdre. Certes, le paquebot LREM se manœuvre moins facilement que le petit groupe de 17 députés FI, soudés et ultra organisés. Quatennens, jamais avare d’une punchline, plaide l’urgence à s’opposer à l’exécutif : « Macron est le dernier joker des libéraux qui voient le bon moment pour rafler la mise. Avec les APL, l’ISF, les emplois aidés, la loi travail, la CSG, ils veulent mener une guerre éclair. Si on ne s’oppose pas maintenant, ils nous passeront sur le corps. » Les deux députés font aussi valoir leur bagage militant, l’habitude des textes de conseils nationaux à amender à la virgule près et des prises de parole en public. Quatennens se décrit lui-même comme « un militant acharné ». « A chaque fois qu’on allait sur le terrain pour les porte-à-porte ou les tractages, il était là, ajoute Bernalicis. Du temps du Front de gauche, on a parcouru la région ensemble, pour d’obscures négociations à chaque échéance électorale. » (...)

Il n’y a rien qui ne les réjouit plus que d’entendre l’ancien candidat à la présidentielle balancer aux journalistes : « Vous pensiez que vous étiez bientôt débarrassés parce que j’ai 66 balais, mais avec ces petits-là, vous en prenez pour quarante ans ! » Tout à leur stratégie de conduire leur mandat « un pied dedans, un pied dehors » (...)

Mais ils ont beau batailler pied à pied contre les projets de loi, les députés FI butent sur la détermination de la majorité à appliquer à la lettre le programme de Macron. Au Palais Bourbon, leurs amendements sont systématiquement envoyés à la corbeille.

Bière et lobbying
Entre macronistes triomphants et insoumis purs et durs, on ne parle pas la même langue : « Pour eux, on est des ovnis. Et nous, en les écoutant, on a parfois l’impression d’assister à un conseil d’administration », tacle Quatennens. Sans se décourager, ils se mettent en tête, sinon de convaincre leurs collègues LREM, du moins d’« ébranler leurs certitudes ». « Ils sont drivés, ils votent en cadence mais cet été, en passant devant nos rangs, certains nous ont dit : "j’avais pas vu ça sous cet angle", "ça appelle réflexion"… » Bernalicis, lui, a localisé un autre lieu stratégique pour tenter d’influencer ses collègues : la buvette, où la consommation de bière a grimpé proportionnellement à la chute de la moyenne d’âge. Et il y a entrepris un autre type de lobbying : convaincre les services de restauration et la questure de servir une pression de sa circonscription. Jusqu’où va se nicher leur travail de persuasion…

Pour autant, on ne risque pas d’assister à une insoumission des marcheurs de sitôt. (...)

 : « Certains se disent "merde, on nous les avait présentés comme des fous furieux échevelés". Mais il y a un silence dans l’hémicycle quand on parle. Après ils gueulent, car ils ne sont pas contents, mais d’abord ils nous écoutent. » Et eux ? Ont-ils révisé leur jugement à l’égard des marcheurs ? Pas franchement. « Nous, on se lève le matin avec le sentiment de participer à quelque chose qui nous dépasse, on a un rapport à la politique assez romantique, on ne fait pas la même chose. » Les deux insoumis ne doutent de rien. Et surtout pas d’eux-mêmes.