
Les zones humides, qui stockent eau et carbone, sont « fondamentales ». Las, elles n’échappent pas aux projets de constructions, même dans des départements en situation d’alerte sécheresse.
« Grâce à leur capacité à stocker de l’eau, elles atténuent les grandes crues, ce qui évite les inondations, et maintiennent l’étiage en période de sécheresse. » Elles absorbent en effet une quantité importante d’eau en période pluviale, qu’elles relâchent progressivement lorsque le climat est sec. Mais à l’échelle mondiale, deux tiers de ces précieux milieux ont disparu depuis 1900.
Alors que l’hiver et le printemps ont été particulièrement secs, une grande partie du territoire français risque de vivre un épisode de sécheresse sans précédent avant la fin de l’été 2022. Dix-sept départements sont d’ores et déjà en alerte, notamment sur la côte Atlantique, réservoir important de zones humides.
Delphine Spitz ajoute que les zones humides permettent de lutter contre le réchauffement climatique en « stockant le carbone, ce qui empêche le dérèglement des microclimats ». À l’inverse, si une zone humide telle qu’une tourbière est dégradée, elle peut rejeter en moyenne 25 tonnes de CO2 par hectare et par an, « soit l’équivalent de deux à trois fois le tour de la Terre en avion », selon l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC). (...)
les zones humides sont des « espaces de fraicheur » qui permettent de réduire les températures des écosystèmes — « une solution pour lutter contre les fortes températures et îlots de chaleur urbains ».
« Plus de la moitié des zones humides encore existantes ont toujours un avenir incertain » (...)
des projets de construction sur des zones humides sont toujours en cours, alors même qu’en France, 41 % d’entre elles ont été dégradées rien qu’entre 2010 et 2020. (...)
« L’intérêt économique prime toujours en dépit de l’urgence climatique »
Frédérique Tuffnell a participé à la rédaction du rapport Terres d’eau et terres d’avenir sur les moyens d’« inverser la tendance » à la régression des zones humides publié en 2019. Elle souhaite de réelles « obligations » de la part des collectivités et des individus pour préserver ces milieux (...)
Pour Anthony Marque, il faudrait « changer les mentalités, car l’intérêt économique prime toujours en dépit de l’urgence climatique. Même si l’on renforce la loi, on trouvera toujours un moyen de la contourner ». (...)
« Il est important de sensibiliser les personnes au niveau local, car le véritable intérêt national, c’est de préserver ce qu’on a sous les pieds pour survivre. Les zones humides sont des espaces fondamentaux pour la ressource en eau ; il est nécessaire de les préserver en vue des sécheresses qui seront de plus en en plus fréquentes. »