
Depuis le début des grèves et mobilisations récentes, on entend la même petite musique médiatique : réforme inéluctable, galère des usagers, manifestants réfractaires... Un vocabulaire bien connu, que nous mettions déjà au jour en 2003, dans un « lexique pour temps de grève et des manifestations » (réactualisé en 2010). Nous proposons ici une nouvelle adaptation de ce lexique dont la plupart des termes sont (hélas) toujours aussi pertinents... comme chacun pourra le constater !
Pédagogie de la réforme
« Réforme » : Quand une réforme proposée est imposée, cela s’appelle LA réforme. Et s’opposer à cette réforme devient : le « refus de la réforme ». Le terme désigne tout spécialement les attaques successives du système des retraites par répartition. La réforme est bonne par essence, et louée par les éditorialistes. « Les réformes de fond, comme celle des retraites, sont nécessaires et même indispensables. » (Sonia Mabrouk, FigaroVox, 12/12/19) « C’est la réforme la plus nécessaire et la plus symbolique du quinquennat. » (Alain Duhamel, 13/09/19)
« Modernisation » : L’effet attendu de LA réforme. LA modernisation est, par principe, aussi excellente que LA réforme... puisque, comme l’avait fort bien compris M. de La Palisse, la modernisation permet d’être moderne. « Personne ne peut contester qu’il était urgent de moderniser l’un des piliers centraux de notre protection sociale » (Les Echos, 23/01/20)
« Ouverture » : Se dit des opérations de communication du gouvernement. « L’ouverture » traduit une volonté « d’apaisement », de « dialogue » ou de « compromis ». Exemple : « Ce matin, le Premier ministre se dit confiant sur un compromis […] c’est une position d’ouverture, de dialogue que voilà. » (Sonia Mabrouk, Europe 1, 07/01/20)
« Apaisement » : Se dit de la volonté que l’on prête au gouvernement. « Édouard Philippe joue la carte de l’apaisement . » (20h de France 2, 06/12/19)
« Concertation » : Se dit des réunions convoquées par un ministre pour exposer aux organisations syndicales ce qu’il va faire et pour écouter leurs doléances, de préférence sans en tenir aucun compte. (...)