
Une étude pointe le sentiment d’injustice des élèves issus de l’immigration face aux inégalités scolaires.
« T’as passé deux ans en troisième techno à travailler comme un fou sur du caoutchouc, c’est sûr et certain que tu veux pas être caoutchoutiste ! » lançait Jamel Debbouze dans son sketch « le Conseiller de désorientation ». Sur scène, ce fils d’immigrés marocains tournait en dérision le fameux entretien d’orientation dans l’enseignement secondaire : « Qu’est-ce que tu veux faire pour ton avenir ? Médecin ? T’es malade ! » répondait alors le conseiller à l’élève. Pour ceux issus de l’immigration, le choix est souvent contraint, vécu comme arbitraire.
C’est ce sentiment d’injustice face aux inégalités scolaires qu’explorent Yaël Brinbaum et Jean-Luc Primon, dans l’article « Parcours scolaires et sentiment d’injustice et de discrimination chez les descendants d’immigrés ». Ils s’appuient sur l’étude « Trajectoires et Origines », réalisée en 2008 auprès de 22 000 élèves issus de l’immigration qui ont effectué la totalité de leur scolarité en France. (...)
L’orientation vers des formations peu valorisées et valorisantes révèle « les décalages entre aspirations et scolarité chez ces jeunes, rapportent Brinbaum et Primon. Or, une orientation contrariée diminue les chances d’obtention d’un diplôme et contribue à expliquer les échecs dans les filières professionnelles ». A noter que les enfants d’immigrés de pays européens (hors Portugal) ou d’Asie du Sud-Est, qui réussissent mieux leur scolarité, ressentent moins ces injustices.
Critères. Un traitement différentiel dans la façon dont les enseignants évaluent leurs travaux scolaires, voilà ce que ressentent aussi 8% des enfants d’immigrés. Surtout pour ceux d’origine turque (16%, soit sept fois plus que la population majoritaire). Ce n’est pas un hasard, ils sont les plus nombreux à rencontrer un échec scolaire (...)
Bien qu’elle soit ainsi perçue comme une institution discriminante, où les différences d’origines prennent la forme de différences scolaires, l’école conserve la confiance de 86% des élèves issus de l’immigration. Mais attention : parmi ceux qui se déclarent discriminés au nom de leur origine ou de leur couleur, ils ne sont plus que 76%.