
Paris — Patrick Baz, photographe basé à Beyrouth, âgé de 54 ans, et moi-même, journaliste au desk web et mobile à Paris, de neuf ans sa cadette, avons à première vue peu de points communs.
Pendant près de trente ans, Patrick a couvert certains des plus grands conflits de la planète.
Ancien responsable photo pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, il a également fondé le desk photo de l’AFP pour cette région.
J’ai été principalement journaliste en province et à Tokyo. Si j’ai couvert des affaires criminelles et des catastrophes qui m’ont marquées, mon expérience n’a rien à voir avec la sienne.
Et pourtant nous partageons quelque chose : l’état de stress post-traumatique (ESPT), acquis dans un cadre professionnel.
L’ESPT est un ensemble de symptômes apparaissant quelques semaines après un évènement où l’individu voit son intégrité physique et/ou psychique (ou celle de son entourage) menacée ou effectivement atteinte. Sur le moment un sentiment d’horreur, une peur intense ou un sentiment d’impuissance sont ressentis. Parfois l’ESPT peut être retardé, et n’apparaitre que quelques mois, voire des années, plus tard, explique Olivia Hicks, médecin du travail à l’AFP.
Ces troubles sont dus à des atteintes psychiques, mais également à des atteintes neurologiques et à des dysfonctionnements neurobiologiques et endocriniens majeurs. S’ils ne sont pas pris en charge spécifiquement, ils peuvent se chroniciser, durer de nombreuses années, voire toute une vie et s’accompagner de nombreuses pathologies (psychiatriques, cardio-vasculaires, endocriniennes, immunitaires, digestives, addictives, etc.) (Anda, 2006 ; MacFarlane, 2010).
L’état de stress post traumatique se définit depuis 1980 par des symptômes d’intrusion (mémoire traumatique : réminiscences, flash-back, cauchemars), d’évitement et d’hyperactivité neuro-végétative, souligne le Dr Muriel Salmona, psychiatre spécialiste du psycho-traumatisme.
Un sujet qui reste relativement tabou (...)