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Libourne veut ajouter son grain de SEL au "business" collaboratif
Article mis en ligne le 2 mars 2015
dernière modification le 26 février 2015

540 euros. C’est ce que rapportait en une seconde la consommation collaborative en 2014, soit environ 20 milliards d’euros, dont 2,7 pour les particuliers. Mais à la permanence de l’association des SEL de Libourne, on ne parle presque jamais en euros, tout se fait en grains. Cette association, née dans les années 80 au Canada, a débarqué en France dans les années 90. On y échange des services contre une monnaie parallèle, souvent particulière à chaque région. On compte plus de 600 de ces ancêtres de l’économie collaborative en France. A Libourne, ça fait presque 20 ans que ça dure.

Comme tous les samedis, la porte est grande ouverte à la permanence du SEL, le "système d’échanges locaux" de Libourne, autrement nommée "Grains de S.A.B.L.E du Libournais", fondée en 1997. On n’y attend pas forcément les 70 adhérents que compte cette antenne locale depuis sa création, mais au moins quelques uns, les plus fidèles, font le déplacement. Au milieu des tables, des chaises ou s’affairant derrière le bar, on y trouve aussi les 6 membres du conseil d’administration, ceux qui font vivre "l’asso". Il ne reste presque plus personne des débuts, d’autres ont pris leur place. (...)

Concrètement, quel est le but de cette association ? Leur devise, "le lien est plus important que le bien", est sans doute la plus à même de définir leur utilité. Il s’agit en fait d’établir, pour chaque adhérent, une série d’offres et de demandes de services, réunis dans un catalogue. Les services "demandés" ou rendus peuvent être très variés : cela va du co-voiturage à la garde d’animaux domestiques, en passant par des passions comme la philatélie ou le jardinage collectif.

Une naissance compliquéeVéritable ancêtre de l’économie dite "collaborative", qui fleurit de plus en plus, les SEL regroupent l’ensemble de ces pratiques dans un seul et même but : la coopération entre adhérents sans avoir recours à aucun échange d’argent quel qu’il soit. Les services sont ainsi rémunérés en grains de SABLE (les monnaies changent en fonction des endroits ou l’on se trouve. Dans le périgord, on appelle la monnaie du SEL la "truffe"... logique !), à raison d’un grain par minute, soit 60 grains pour une heure de service. Ainsi, chaque adhérent, comme quand il souhaite spéculer en bourse, reçoit, après une cotisation annuelle de 12 euros, un "capital" de 150 grains qu’il peut "dépenser" à l’envie. (...)

Aujourd’hui, il existe un peu plus de 600 antennes un peu partout en france, qui peuvent aller de 2 ou 3 à plusieurs centaines d’adhérents, pour un total estimé entre 25 et 30 000. Non sans heurts, comme en Ariège ou trois adhérents ont été poursuivis pour travail clandestin en 1996 puis relaxés. Le Fisc ne semble pas vouloir chercher des noises aux SEL, qui n’a connu aucune condamnation judiciaire réelle depuis sa création en France. (...)

"La personne à qui on rend le service n’est pas obligatoirement celle qui doit nous en rendre un en retour. C’est un échange en réseau, avec tous les adhérents. Le but, c’est avant tout de faire découvrir à des gens que tout le monde a quelque chose à offrir". (...)

Chaque année, une agence organise des "rencontres nationales", histoire de réunir et de fédérer encore plus toutes les initiatives. La prochaine se tiendra en août en région PACA. En 2014, elle s’est tenue en Ariège, en plein coeur du lycée agricole de Pamiers. (...)

d’autres clones ont su s’inspirer de l’idée entre temps. C’est notamment le cas de "Portraits de Famille", centre socio-culturel et lieu de rencontres et d’échanges qui organise des rendez-vous de tous genres, de la visite de théâtre à la sortie au cirque en passant par le "café des parents", le tout pour une adhésion d’une dizaine d’euros par famille. Quand on sait que selon de récentes statistiques, la consommation collaborative pourrait représenter un marché de 335 milliards de dollars d’ici à 2020, nul doute que ce genre d’initiative locale a encore de beaux jours devant lui.