
S’abritant derrière la crise sanitaire, les industriels ont multiplié les attaques contre les régulations sociales et environnementales et joué de leur proximité avec les décideurs et de l’urgence pour capter des aides publiques sans véritable contrepartie. L’Observatoire des multinationales, partenaire de Basta !, et les Amis de la Terre, font le point dans un rapport.
Le deuxième aspect, moins visible mais peut-être encore plus dangereux à terme, consiste à capter à leur profit les aides publiques directes et indirectes mobilisées par les gouvernements dans le cadre de leurs plans de sauvetage et de relance, et d’imposer leur agenda technologique et industriel afin de sortir gagnant dans le « monde d’après ». De l’industrie pharmaceutique à l’agrobusiness, en passant par la voiture électrique et le numérique, de nombreuses entreprises ont adapté leur stratégie et leur communication pour se tailler la part du lion dans les dépenses publiques massives en train d’être engagées, sans véritable contrepartie économique, sociale ou environnementale.
Les professions de foi écologiques et les grands discours sur la solidarité se sont à nouveau multipliés à l’occasion de la crise du coronavirus. Trop souvent, cependant, cette communication « positive » sert surtout aux grandes entreprises à éviter que l’on n’envisage des régulations contraignantes (...)
Cette situation met en lumière les limites dramatiques des dispositifs actuels de transparence du lobbying en France, mis en place dans le cadre de la loi Sapin 2. Contrairement à ce qu’il en est au niveau européen, il n’y a aucune transparence sur les rendez-vous et contacts entre décideurs et représentants d’intérêts. (...)
Alors que toute l’économie est devenue plus dépendante des décisions et du soutien financier de la puissance publique, le lobbying et la proximité avec les décideurs sont devenus plus cruciaux que jamais pour les entreprises. Au nom de l’urgence, les lois sont adoptées à marche forcée, avec un niveau minimal de débat public. Des choix importants sont faits dans l’urgence et sans transparence.
Pour ne pas se laisser dérober le « monde d’après » avant même qu’il ait vu le jour, un dispositif d’urgence de transparence du lobbying – et plus largement de l’ensemble de la réponse politique et économique à la pandémie – est donc un impératif démocratique.