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Telerama/MA VIE AU POSTE , LA CHRONIQUE DE SAMUEL GONTIER
Un 1er Mai de violence journalistique
#democratie #medias #1erMai
Article mis en ligne le 4 mai 2023

Des heures d’images et d’analyses le prouvent : sur les chaînes info, le 1er Mai a été marqué par les violences, des manifestants, ça va sans dire. Jean-Michel Aphatie s’en plaint sur LCI et proclame que, pour tirer les leçons de cette journée, rien ne vaut la hauteur de vue de Marine Le Pen.

« 1er Mai : la violence au rendez-vous. » C’est le titre du « parti pris » de Jean-Michel Apathie, lundi soir sur LCI. « Ce que l’on va retenir de cette journée, parce qu’elle ne change rien sur le plan de la politique… » La plus importante mobilisation pour un 1er Mai depuis 2002 n’a aucune signification politique. « … On va retenir la violence. » C’est bien pratique. « Cette violence sur laquelle il faut un peu insister. » Juste un petit peu. À l’instar de BFMTV, qui passe son après-midi et sa soirée à filmer et à commenter les « tensions ». « Excusez-moi de vous interrompre, Christophe, s’interpose Olivier Truchot. Parce qu’on a de nouvelles images qui viennent de nous arriver. » (...)

C’est dommage. Christophe Barbier était justement en train de livrer une analyse de haute volée : « Dans notre système, ce ne sont pas les manifestations qui changent le droit… » Ça n’est jamais arrivé, ni en 1984 (loi Savary), ni en 1995 (réforme Juppé), ni en 2006 (CPE). « … Ce sont les lois, le vote à l’Assemblée nationale par la démocratie représentative. » Et le recours au 49.3. « Les manifestations sont un des éléments d’ambiance… » Depuis janvier, elles ambiancent comme jamais. « … Qui peut amener un gouvernement à changer son projet à l’écoute de la population. » Sauf s’il n’entend pas. « C’est pour ça que treize, douze, quinze ou vingt manifestations, ça ne doit pas changer cela. » Le gouvernement doit rester sourd, c’est la règle « dans notre système ». (...)

« Y a eu beaucoup de gendarmes et de policiers blessés, résume Jean-Michel Apathie sur LCI. Nantes, Marseille, Lyon, Paris, des incendies, beaucoup de casse. » Foi de ministre. « Tout ça, ça bouscule une ou deux idées reçues quand même. Comme jusqu’à présent les mobilisations ont été plutôt sereines… » Avec seulement quelques milliers d’arrestations arbitraires, des centaines de tabassages et de menues mutilations. « … On a facilement installé l’idée fausse que la police est capable d’anticiper les actions de ces groupes violents. » Alors qu’elle fait beaucoup mieux : elle les provoque en fonçant dans le tas, en nassant (la place de la Nation, j’y étais, j’ai dû rebrousser chemin pour m’en échapper). (...)

« Marine Le Pen, qui n’arrive pas trop à trouver sa place dans ce débat et qui s’en accommode bien parce que ça la fait grimper dans les sondages… » Avec l’aide de zélés éditorialistes serinant à longueur de journée que ça la fait grimper dans les sondages de ne pas trouver sa place dans ce débat. « … Marine Le Pen était au Havre, c’était le 1er Mai du Rassemblement national, et elle a eu ces propos justes : la violence, elle nuit essentiellement au chef de l’État. » Quelle bonne idée ! Laisser le soin à Marine Le Pen de tirer les leçons d’une journée de mobilisation sociale, il n’y a pas plus pertinent. (...)

« Écoutez-la », ordonne Jean-Michel Aphatie. Je m’exécute. « Un président ne peut pas gouverner en surfant sur la confrontation de tous contre tous sauf à n’engendrer l’opposition de tous contre lui. » Tiens, c’est exactement ce que dit la gauche. Mais ça a quand même plus de gueule quand c’est Marine Le Pen qui l’exprime. Jean-Michel Aphatie approuve : « C’est pas faux. » C’est même brillant. « On attend de celui qui le plus de pouvoir dans la société qu’il arrive à faire cesser tout cela et Emmanuel Macron n’en a pas les moyens. » Il faudrait tripler les effectifs des forces de l’ordre pour lui en donner les moyens. Ou bien élire Marine Le Pen à sa place : elle promet les assises aux casseurs de vitrines. (...)

Les chaînes info s’emploient à la promouvoir. En début d’après-midi, toutes retransmettent en direct et en intégralité son discours — sauf BFMTV, qui, avec Gaëtane Meslin, cheffe du service économique et social, reste sur « la Journée internationale du travail » (sic). « On attend le discours de Marine Le Pen », s’impatiente CNews. « Priorité au direct, on va retrouver le discours de Marine Le Pen au Havre », alerte Franceinfo. « Vous le voyez, Marine Le Pen qui arrive pour ce qui sera un grand discours en ce 1er Mai pour la fête de la nation », célèbre Christophe Moulin sur LCI. Le même présentateur qui, un peu plus tôt, parlait « de celles et ceux qui sont dans la rue : il n’y a pas que des syndicalistes, il y a également des Français ». Manquerait plus qu’on accorde la nationalité aux syndicalistes. « Marine Le Pen, qui n’arrive pas trop à trouver sa place dans ce débat et qui s’en accommode bien parce que ça la fait grimper dans les sondages… » Avec l’aide de zélés éditorialistes serinant à longueur de journée que ça la fait grimper dans les sondages de ne pas trouver sa place dans ce débat. « … Marine Le Pen était au Havre, c’était le 1er Mai du Rassemblement national, et elle a eu ces propos justes : la violence, elle nuit essentiellement au chef de l’État. » Quelle bonne idée ! Laisser le soin à Marine Le Pen de tirer les leçons d’une journée de mobilisation sociale, il n’y a pas plus pertinent. (...)