
Alexandre Naulot, porte-parole de l’ONG Oxfam, ne mâche pas ses mots. Alors qu’Emmanuel Macron lui avait promis "les yeux dans les yeux" le maintien de la hausse de la taxe sur les transactions financières (TTF) en France et le soutien de la France à la TTF européenne, Edouard Philippe vient d’annoncer une réduction de la voilure pour attirer la finance européenne en période post-Brexit.
Faire les yeux doux à la finance londonienne ou sauver le climat ? Pour Alexandre Naulot, porte-parole de l’ONG Oxfam en charge des questions financières et de régulation, le président Macron a choisi. Le Premier ministre, Edouard Philippe, vient d’annoncer que l’extension prévue en 2018 de la taxe sur les transactions financières (TFF) va être abrogée ; la tranche supérieure, à 20%, de la "taxe sur les salaires", pesant notamment sur les gros revenus du secteur financier, va être supprimée ; enfin, les "bonus" parfois considérables du secteur financier seront eux exclus du calcul des indemnités de licenciement des employés "preneurs de risques" (traders, etc.), ce qui devrait profiter à leurs employeurs.
Décryptage salé d’Alexandre Naulot, vent debout contre ses dernières concessions à la finance au détriment du changement climatique. (...)
" Emmanuel Macron a aujourd’hui fait son choix en faveur du secteur financier aux dépens du secteur climatique et de la pauvreté.
La France a été le pays hôte de la COP21 et Emmanuel Macron doit tenir ses responsabilités. Notre président essaie de briller en communication sur la question du financement climatique. Sauf qu’il ne tient pas ses promesses sur le plan climatique. Emmanuel Macron continue de faire du green washing sur la TTF. C’est un vrai choix en début de mandat. C’est le choix de la place de Paris à la place du changement climatique. A la décision de Trump de sortir de l’accord de Paris, suite à son "Make our planet great again", on pensait qu’il y aurait un véritable leadership.
Macron est le simple président du hashtag et du mensonge. En acte concret, on n’a rien dans le plan climat (ndlr : annoncé par Nicolas Hulot). Les actes concrets sont simplement pris pour les banques. Il se fait avoir par les arguments fallacieux des banques. Il existe 40 taxes financières dans le monde, et il n’y a pas eu d’effondrement de la finance." (...)
la TTF européenne aujourd’hui du plomb dans l’aile, du fait de la France. (...)
On va continuer notre mobilisation pour que la TTF européenne naisse un jour. Il va y avoir une mobilisation en Europe car cela fait 6 ans qu’on fait une campagne furieuse contre l’enterrement de la TTF européenne. Bien sûr il existe une rancœur et une colère des associations en France. On verra de quelle manière cela se traduit. D’autant plus qu’entre septembre et décembre, le vote du projet de loi de finance nous dira si président de la République respecte vraiment ses engagements. Une réflexion est engagée pour que la mobilisation s’amplifie.