
Le 14 février dernier, le cyclone Bingiza frappait le Nord-Est de l’île de Madagascar, les vents violents abattus sur les fragiles habitations d’agriculteurs et de pêcheurs faisant au moins six morts et privant 7 500 habitants d’un logement convenable. Mais le pire n’est peut-être pas derrière pour les habitants de l’île, dont la sécurité alimentaire est désormais remise en doute.
La saison des cyclones durant d’octobre à avril, des événements climatiques tels que le passage de Bingiza ne sont pas surprenants. Mais le mois de février n’en représente pas moins la pire période pour un cyclone. En effet, si celui-ci était survenu en janvier, il aurait été possible de recommencer à cultiver des variétés de riz à cycle court. Mais un tel recours n’est plus envisageable en février, les agriculteurs ne pouvant recommencer à temps pour pouvoir récolter en avril.
Si les dégâts sont moins graves que prévu pour un cyclone de cette force, il est à craindre que l’impact sur les récoltes, et notamment dans les cultures de riz et de clous de girofle, aient d’importantes répercussions dans les mois à venir. De fait, avant même le passage de Bingiza, le riz, aliment de base, avait déjà atteint environ 2 000 ariary (un dollar) le kilo dans cette région. Ayant doublé au cours des deux dernières années, le riz semble être devenu un produit de luxe à Madagascar. Ayant réduit de moitié leur consommation, les quelque 1,5 million habitants de la capitale, Antananarivo, adoptent des stratégies de survie en sautant le petit-déjeuner ou en consommant du manioc ou du maïs.(...)
Aussi, alors que Madagascar exportait son riz dans les années 1970, des méthodes agricoles désuètes et des infrastructures inadaptées le contraignent désormais à l’importer. Cela n’empêche pas qu’à l’heure actuelle environ 80 % des 20 millions d’habitants de Madagascar vivent de la riziculture. (...)