
Deux ans après l’assassinat au Nord-est du Mali des deux journalistes de Radio France international (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verdon, la FIDH et ses organisations membres en France et au Mali appellent les autorités françaises et maliennes à faire avancer l’enquête et plus largement à lutter contre l’impunité des graves violations des droits humains perpétrés au Nord du Mali depuis 2012.
« Deux ans après l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verdon la vérité sur les circonstances, les auteurs et les commanditaires demeure toujours inconnue et les acteurs sur le terrain devraient transmettre toutes les informations en leur possession pour faire avancer cette enquête emblématique des difficultés à lutter contre l’impunité des auteurs des graves violations des droits humains au Nord du Mali depuis 2012 » a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.
Une information judiciaire a été ouverte en France et au Mali depuis 18 mois. (...)
A l’heure actuelle, l’ordre du jour de la prochaine session de la Commission Consultative du secret de la Défense nationale (CCSDN) qui doit s’ouvrir le 19 novembre 2015, ne contient pas la demande de déclassifciation d’informations de l’affaire Dupont-Verdon. Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll a déclaré le 28 octobre 2015 que « la procédure de déclassification [était] en cours ».
« Le ministère de la Défense doit se plier à ses obligations en procédant, sans délai, à la saisine de la Commission Consultative du secret de la Défense nationale à la demande de la justice. Les réticences du ministre de la défense laissent penser qu’il y a des choses à cacher dans ce dossier et en cas contraire, il est fait peu de cas du droit des familles Dupont et Verdon à la vérité et à la justice » a déclaré Françoise Dumont, présidente de la LDH.
Les faibles avancées réalisées dans l’enquête sur l’assassinat des deux journalistes de RFI sont à l’image des procédures judiciaires initiées au Mali pour les graves violations des droits humains perpétrés par les groupes armés depuis 2012. (...)
« Nos organisations répètent qu’il ne peut y avoir de paix sans justice. L’impunité des auteurs des crimes les plus graves est le terreau des conflits passés et futurs au Mali comme dans le reste du monde. La justice malienne, française et internationale doit prendre la mesure des crimes commis au Nord du Mali, ce sont des crimes internationaux qui doivent être traités comme tels et non pas sous le prisme unique de la justice anti-terroriste, opaque et incapable de rendre compte des crimes de masses commis par les groupes armés » a déclaré Me Moctar Mariko, président de l’AMDH.
Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, en reportage à Kidal pour Radio france international (RFI), dans le nord-est du Mali, avaient été enlevés le 2 novembre 2013 par des hommes armés. Leurs corps avaient été retrouvés à 12 km de la ville de Kidal, près de deux heures plus tard, par des militaires français qui avaient été alertés de l’enlèvement. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué leur assassinat. La France était intervenue militairement au Mali en janvier 2013 à la demande des autorités maliennes pour faire face au groupes armés djihadistes qui occupaient le Nord du Mali depuis janvier 2012.