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Euractiv
Manipulation des électeurs : « une rustine sur une plaie béante »
Article mis en ligne le 4 janvier 2019
dernière modification le 2 janvier 2019

L’élection de Donald Trump et le Brexit. Deux événements qui ont laissé le monde ébahi, qui doivent tous deux leur succès à des campagnes massives en ligne.

Le scandale de Cambridge Analytica a démontré que les campagnes électorales d’aujourd’hui sont influencées par le piratage, la désinformation et l’utilisation abusive de données. À l’approche des élections européennes, l’UE tente de prendre des mesures contre les manipulations ciblées de l’intérieur et de l’extérieur.

La semaine dernière, le Comité économique et social européen (CESE), qui conseille les institutions sur le plan législatif du point de vue des patrons et des travailleurs, a adopté un avis sur une proposition de la Commission européenne.

Selon cet avis, l’autorité européenne chargée de contrôler les partis européens doit être renforcée et assurer une liaison avec les autorités européennes chargées de la protection des données. Cette autorité, constituée jusqu’ici de seulement trois personnes, ne devrait pas seulement examiner d’où vient l’argent récolté par les partis et les fondations – Steve Bannon, par exemple, veut promouvoir des mouvements populistes avec sa fondation. En cas de doute, le bureau devrait aussi pouvoir ouvrir des enquêtes et imposer des sanctions en cas d’utilisation abusive de données, comme ce fut le cas lors de la campagne électorale américaine.

« Ce n’est qu’un petit pansement sur une plaie béante », soupire la rapporteure Marina Yannakoudakis, ancienne eurodéputée des Conservateurs et Réformateurs européens et maintenant membre du CESE. « Le problème de la manipulation est bien plus profond. »

Le piratage de données et les fake news sont une industrie en constante évolution. À défaut d’agir efficacement, l’UE est condamnée à combler les brèches déjà existantes.

L’UE met tout en œuvre pour lutter contre la cybercriminalité. Et le défi est de taille. Selon la Commission, 80 % des entreprises européennes ont signalé au moins un incident de cybersécurité l’année dernière.

Le coût de ces cyberattaques est estimé à environ 400 milliards d’euros par an pour l’économie mondiale. Plus récemment, le virus « Wannacry », qui a paralysé les systèmes dans 150 pays en 2017, a alerté Bruxelles. (...)

Après le sommet européen de Salzbourg, la Commission a présenté sa série de mesures visant à garantir des élections européennes libres et équitables. De ce paquet pour la sécurité informatique doivent naître un centre de compétences pour la cybersécurité dans l’industrie, la technologie et la recherche, ainsi qu’un réseau de coopération européen entre les autorités de protection des données, dans le but de partager leur savoir sur les méthodes permettant d’influencer les élections.

Les États membres s’appuient d’ores et déjà sur l’échange mutuel d’expériences, et des réunions entre les bureaux compétents sont prévues en janvier et avril. La semaine dernière, les institutions de l’UE se sont finalement mises d’accord sur la nouvelle loi européenne sur la cybersécurité, qui renforcera l’Agence européenne pour la cybersécurité (ENISA) et créera pour la première fois un cadre de normes de cybersécurité.

Pour la rapporteure Marina Yannakoudakis, le plus grand danger réside tant dans la propagande populiste qui répand des semi-vérités, que dans l’utilisation abusive des données. « Pour être honnête, j’ai plus peur d’un fou comme Donald Trump que des pirates russes. Au moins, Vladimir Poutine est clair sur ses intentions. »

C’est pourquoi il incombe également à la presse d’agir contre la propagande en fournissant des reportages équilibrés, selon la rapporteure. (...)