
Les rideaux sont tirés, la pièce n’est pas très grande, elle ressemble à toutes les chambres d’Ibis à travers la France. A quelques détails près, comme le lit légèrement surélevé par des plots en bois. « Je suis un client très régulier, c’est pour me rendre service », explique Marcel Nuss, depuis son fauteuil roulant. Lourdement handicapé par une amyotrophie spinale, une maladie congénitale et évolutive, il ne peut pas se déplacer tout seul. Tous les muscles de son corps se sont atrophiés. A 19 ans, il a été trachéotomisé. Le souffle de la pompe du ventilateur, alimentant en air la sonde endotrachéale, rythme la conversation. Inspirer. Expirer.
Marcel Nuss se bat pour le droit des handicapés à avoir une vie sexuelle. Il vient de publier un essai, Je veux faire l’amour. Il y raconte sa fréquentation d’escort-girls, pendant un an. Une enquête, menée selon lui pour connaître l’avis de nouvelles femmes, pour comprendre leurs rapports à un corps difforme. Il n’a pas attendu les relations tarifées pour avoir une vie sexuelle mais avoir la possibilité de payer relève pour lui d’une nécessité. Depuis des années, il milite pour que les handicapés puissent faire l’amour. En 2007, il cofonde le Collectif handicaps et sexualités (CHS) où il défend le droit à une assistance sexuelle. En France, les gouvernements successifs se sont toujours prononcés contre, l’assimilant à de la prostitution. La tendance actuelle étant plus à l’abolitionnisme et à la pénalisation du client. Le souffle de la pompe. Inspirer. Expirer. (...)
lire aussi : Marcel Nüss : Les dupes du bonheur