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Mariages forcés : l’Europe peine à garantir la protection aux femmes afghanes
Article mis en ligne le 4 janvier 2020

En Afghanistan, la persécution des femmes par le mariage forcé est une réalité quotidienne. Si certaines parviennent à s’échapper pour partir en Europe, obtenir le droit d’asile pour cette raison n’est pas évident.

Nous sommes en 2009, lorsqu’au terme d’une longue lutte des défenseurs des droits de l’homme, le Parlement afghan vote une loi condamnant les violences faites aux femmes. L’ambition était alors de s’attaquer aux crimes comme les viols, les agressions à l’acide et les mariages forcés. 10 ans plus tard, des jeunes filles sont toujours mariées de force, des femmes peuvent servir de remboursement pour des dettes de la famille et les "crimes d’honneur" font partie du quotidien dans le pays.

Les mariages forcés et les mariages de mineures sont qualifiés de "pratiques traditionnelles néfastes" par les Nations unies et sont contraires au droit international et à la loi en Afghanistan.

Pour autant, en Europe, obtenir l’asile en invoquant la menace d’un mariage forcé ne va pas de soi. Dans certains cas, les autorités manquent de connaissances sur ces violations des droits de l’homme. Dans d’autres cas, elles estiment qu’une femme ne court pas de risque réel si elle est renvoyée en Afghanistan.

Souvent, la décision dépend du niveau de qualification des personnes qui la prennent, affirme Abdul Wahab Wahedi, un avocat basé à Darmstadt en Allemagne. "Il y a des cas dans lesquels les autorités vont dire ’je ne vous crois pas, ça ne peut pas être aussi dangereux que ce que vous prétendez.’"

Gul Meena

En 2017, le monde apprenait l’existence de Gul Meena, une jeune femme pachtoune victime d’un crime d’honneur, qui a réussi à échapper à la mort de justesse. Les images de son visage marqué de cicatrices avaient fait le tour du monde. Son propre frère avait mutilé son visage avec le tranchant d’une hache.

Gul Meena a été mariée de force au Pakistan à l’âge de 13 ans, devenant la troisième femme d’un homme qui la frappait quotidiennement. Mais lorsqu’elle raconte ce qui lui arrive à sa famille, elle est à nouveau passée à tabac.

Après cinq années d’horreur, Gul Meena finit par rencontrer un jeune Afghan qui lui permet de prendre la fuite et de traverser la frontière pour rejoindre l’Afghanistan et la ville de Jalalabad. C’est sans compter sur son frère, qui la traque, la frappe à l’aide d’une hache et tue son ami.

Gul Meena passera deux mois à l’hôpital avant de se retrouver dans un refuge pour femmes à Kaboul. Sa famille la renie. Cinq ans plus tard, âgée de 18 ans, elle prend ses affaires, obtient le statut de réfugié de l’ONU et part en Suède pour y refaire sa vie. (...)

Si Gul Meena a réussi à demander la protection de l’ONU au Pakistan, la plupart des femmes en Afghanistan n’ont aucune porte de sortie et aucun moyen de faire une demande d’asile. (...)

La pression sociale sur les jeunes femmes de se conformer à ce qui est vu comme un devoir envers la famille est énorme. Les femmes n’ont à la fin que deux options : s’y plier ou s’enfuir.