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Marseille : Rentabiliser la misère
Article mis en ligne le 21 août 2015
dernière modification le 16 août 2015

Durant l’été 2014, le Samu social de Marseille a tenté de mettre en place une carte de secours individuelle destinée aux sans-abri. Une carte pourvue d’un triangle jaune sur fond bleu d’un côté et d’informations relatives à la vie privée des personnes de l’autre [1]. Cette nouvelle tentative de fichage des pauvres a été mise de côté, fin 2014, en partie grâce à la mobilisation des travailleurs sociaux. Pour combien de temps ?

(...) La carte en question, fortement « conseillée » mais non obligatoire, devait être mise en place avec le groupe de santé AG2R la Mondiale… mondialement connu pour son désintéressement. Et Jean-Marc de préciser  : « Il y a des gens très intelligents qui prennent ce genre de mesure ou des trucs encore plus trash mais de façon subtile, maligne, mais là, à Marseille, le fait qu’ils aient choisi un triangle jaune, ça prouve que c’était vraiment des crétins et qu’ils ne s’attendaient pas à avoir quelqu’un en face. Sur le document qu’on nous a envoyé, il y avait écrit, noir sur blanc que cette carte était “une carte à vue”. C’est à dire qu’elle devait être placée sur le sac ou le blouson de la personne de façon visible. L’objectif, évidemment, c’était de permettre aux forces de l’ordre de savoir qui était destiné à la Madrague ou pas. » (...)

La Madrague, c’est le nom de ce centre d’hébergement, à la limite du concentrationnaire, de 334 places en dortoirs géants, situé dans le quartier du même nom (et loin du centre-ville), où sont parqués les sans-abri avec obligation d’être dehors avant 8 h du matin (y compris pour les familles avec enfants). Certains responsables politiques ont exprimé le souhait de le remplacer par un « nouveau centre », encore plus excentré, pour laisser le terrain libre à la spéculation immobilière accompagnant l’extension du projet Euromed. (...)

« Personnellement, ce n’est pas forcement le nom que j’aurais choisi, mais ça semblait faire sens pour le groupe. Je leur ai montré les documents qu’on m’avait envoyés sur le projet de carte secours, je les ai briefés un peu sur des techniques de com’ et je les ai laissés se débrouiller. Depuis le mois de septembre 2014, les associations tentaient de raisonner le Samu social et la mairie, et eux, ils ont adopté une autre tactique. Ils ont organisé une manifestation où ont été invitées les associations de réinsertion, mais pas seulement, il y avait aussi la LDH, Amnesty… et surtout la presse. On a fait la réunion un jeudi, le mercredi suivant avait lieu la manif et le soir la mairie de Marseille annonçait le retrait du projet [2]. » (...)