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Mauvais genre
samedi 8 février - par Trassibul
Article mis en ligne le 8 février 2014

Il avait assisté à une conférence de Jeanne Hersch. Cela se passait à Genève, au Collège Voltaire s’il a bonne mémoire. S’il a bonne mémoire, il aurait préférer ce soir là aller revoir « Il Etait Une Fois En Amérique » qui venait juste de sortir, mais, bon, il se retrouva en face de cette philosophe qu’il ne connaissait pas, dont il ne savait rien. Comment s’était-il retrouvé là ? Il s’était retrouvé là.

Milieu des années 80. Il avait 18 ans. Il n’avait pas gardé grand souvenir de la conférence. Une phrase pourtant l’avait marqué. Juste une phrase, mais qui allait l’accompagner jusqu’en 2014, au moins… La dame avait dit : « Pour sortir du cadre il faut avoir un cadre ». Il avait 18 ans ; forcement, ça marque. « Pour sortir du cadre il faut avoir un cadre ». Limpide, étonnant, vif comme un coup de stylet. Pour sortir du cadre il faut avoir un cadre. Ca, il l’avait retenu.

2012, 2013 en France. Il est question du mariage homo. Il ne se trouve pas légitime pour débattre à propos de ce sujet car il se moque du mariage homo, (franchement, s’ils veulent vivre une vie de bourges, après tout…), car, tout simplement, il se moque du mariage. Ses grands-parents qui sont mariés depuis plus de 70 ans lui demandent quand est-ce qu’enfin il va épouser celle qu’ils appellent « notre belle ». Il est étonné de constater que cette interrogation lui fasse du bien, tout de même, puis comprend, ce qui pourtant est une évidence, que cette interrogation signifie tout simplement que ses grands-parents aiment celle qui depuis des années est sa compagne ; cette interrogation signifie tout simplement qu’ils voudraient, ses grands-parents, qu’elle fasse officiellement partie de la famille. Son grand-père est un homme simple et bon, il vendait des fruits et légume à la nouvelle Agora d’Athènes, à deux pas de l’Agora antique. Il est fier à l’idée de son grand-père donnant de la voix à l’Agora d’Athènes. (...)2012, 2013. Il ne comprend rien à la manif pour tous, cela ne correspondant en rien à ses schémas internes. Frigide Barjot en tête de cortège (le système est bien foutu), ne faisant rien pour arranger les choses. La presse, de façon à peine voilée, présente les manifestants comme étant d’horribles fascistes rétrogrades, cathos intégristes, hystérique, (forcément hystérique).

Mais qu’ont-ils donc contre les homos, tout ces gens-là ? (...)

13 janvier 2013. Il est assis à une terrasse pas loin de la tour Montparnasse. La manif pour tous passe dans le quartier. Un vieil homme tenant une pancarte « un papa, une maman, deux enfants » s’installe à la table à côté de la sienne et se commande un demi. Ce qu’il y a de pratique avec une manif c’est que l’on peut parler avec son voisin ; même à Paris, cela peut encore se faire sans passer pour un dangereux psychopathe.

Vous étiez à la manif ?

Le vieil homme a la gentillesse de ne pas lui répondre que non, de se balader avec une pancarte ridicule est juste un de ses passetemps favoris lors de ses promenades dominicales.

Oui, oui.

Vous êtes contre le mariage homo ?

Le vieil homme a la gentillesse de ne pas lui répondre que non, il est pour le mariage homo, mais une de ses grandes joie dans l’existence consiste à participer à toutes sortes de manifestations et ce quelles qu’en soient les revendications.

Je suis pour le mariage, tel qu’il existe depuis des millénaires. Pas vous ?

Moi… Vous savez… L’une de mes chansons préférées de Brassens est « La non demande en mariage ». Alors…

Vous aimez Brassens ? (...)

Et voilà qu’arrive jusqu’à ses oreilles la théorie du genre. C’est quoi encore ce truc qui n’existe pas ? Des gens s’énervent, des gens s’agitent. C’est quoi encore ce truc ? Ce truc qui n’existe pas ?

Ce pourrait-il qu’on ne nous trouva pas encore suffisamment abrutis ?

Deux de ses proches sont au chômage.

Son meilleur ami a la pudeur déchirante d’écourter un appel téléphonique de peur d’éclater en sanglots au vu de sa situation financière catastrophique.

Le silence après ce téléphone-là.

Et :

Mariage pour tous.

Et :

Théorie du genre.

La théorie du genre qui n’existe pas.

Bon !

C’est encore quoi ce truc de « théorie du genre » qui n’existe pas ? (...)