
Tout d’abord tentons une définition du quatrième pouvoir.
Etant entendu que les trois pouvoirs traditionnels, ceux mis en avant par Montesquieu dans « L’esprit des lois » et qu’il estimait devoir être strictement séparé, étaient le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
Mais, et c’est un constitutionnaliste émérite puisqu’il s’agit d’un ancien président de la cinquième république qu’il faut citer à savoir François Mitterrand qui a déclaré dans une Lettre aux Français : « Montesquieu pourrait se réjouir qu’un quatrième pouvoir ait rejoint les trois autres et donné à sa théorie de la séparation des pouvoirs l’ultime hommage de notre siècle. »
Un 4ème pouvoir entre médiatisation et médiation, entre exécutif et législatif. Essentiel pour la démocratie pour la République dont le principe est " le gouvernement du peuple pour le peuple et par le peuple" art.2 de la Constitution.
Les médias sont l’agora, le forum où les citoyens et les citoyennes se forgent une opinion, choisissent l’option politique qu’ils porteront dans les urnes. Inutile de préciser qu’il ne peut y avoir de « quatrième pouvoir » ainsi décrit que dans une démocratie.
Ainsi le directeur du « Monde diplomatique » Ignacio Ramonet explique : « la presse et les médias ont été pendant de longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des citoyens. »
Autrement dit pour qu’une véritable démocratie fonctionne il faut que la liberté de la presse soit sans contrainte notamment de la part du pouvoir politique. La presse le quatrième pouvoir, c’est le contre-pouvoir comme le dit Marcel Gauchet « qui n’a pas d’autre pouvoir que celui d’arrêter les pouvoirs. » Les trois autres. Et puis sans doute un autre plus sournois l’argent. (...)
La vérité peut-elle se commettre avec le commerce ? La lumière, avec le côté obscur de la force de vente ?
Même si la presse écrite bénéficie de la part de notre République de subventions via les tarifs postaux, le compte ne doit pas y être, puisque tout au moins pour la presse papier les difficultés financières sont patentes. Distributions compliquées, ventes en berne, les journaux se prennent dans les filets de la toile, du Net. La concurrence est rude et le journalisme un métier décrié.
Et pourtant ce papier imprimé, ces ondes bavardes, s’ils sont à vendre parce que désespérément déficitaires trouvent toujours des acheteurs.
Des mécènes me direz-vous. (...)
favorable ou hostile, directement ou indirectement, l’information diffusée provient encore et toujours d’un des trois pouvoirs, le plus souvent d’un seul : l’exécutif. Présidence, Matignon et les ministères ont un service de presse qui sollicite les media. Tout comme l’opposition il est vrai. Ceci s’ajoute aux relations personnelles que les parlementaires peuvent entretenir avec les journalistes. Ils savent qu’avec l’avènement des portables il est judicieux, et électoralement rentable, de laisser son numéro de téléphone au reporter de BFM, d’I télé de LCI,... qui se feront un devoir d’appeler. Et de rappeler, si l’intéressé est un bon interlocuteur : clair, concis éventuellement provocateur. C’est ainsi que des parlementaires, mais pas seulement, deviennent des habitués des plateaux télé. Des acteurs, de talent de préférence, voilà ce que cherche l’information spectacle, la société du spectacle. Avec ses « Talk-show », ses débats de délégués partisans appointés pour leur prestation.... (...)
il faut admettre qu’Internet aux cotés de la presse écrite et audiovisuelle, permet au « happy few » de disposer d’une revue de presse exceptionnelle, d’accéder à un éventail d’informations, de point de vue, nationaux et internationaux qui contribuent à la recherche de la vérité. Voire !
Il n’en reste pas moins que le quatrième pouvoir - dans sa multiplicité, sa diversité- ne sait plus tellement à quel saint se vouer. (...)