
Au soir de chaque manifestation contre la réforme des retraites, les éditorialistes annoncent l’« essoufflement » de la mobilisation. Comme lors des grèves de 1995 et de 2003. Mais, cette fois, la question de la dégradation de l’information s’invite sur le terrain politique.
la question du contrôle des médias d’information générale, de leur rôle dans la production de l’idéologie dominante, du statut de leurs mandarins. N’en rien dire pour ne pas mécontenter les gardes-barrières de la notoriété, ne rien faire qui puisse compromettre l’accès aux grands moyens de communication. L’épineux dossier n’existait ainsi qu’en dehors du périmètre de l’action et de la mobilisation politiques.
Quelque chose a changé. En témoignent les réactions provoquées par la mise en ligne, les 27 septembre et 8 octobre 2010, de deux extraits du film de Pierre Carles Fin de concession (...)
Hier encore confinée au mouvement de critique radicale des médias (1) et aux annexes des programmes, la question du contrôle de l’information déboule enfin sur le terrain politique. Mais la pose-t-on pour la résoudre ? Ou, bondissant de studios en plateaux, pour patiner une image de marginal dressé contre une institution discréditée ? Entre la surmédiatisation des problèmes d’insécurité aux dépens du social en 2002, la couverture biaisée des grèves contre la réforme des retraites en 2003, la confirmation en 2004 par le président-directeur général de TF1 de la vocation de sa chaîne à « vendre du temps de cerveau humain disponible », l’unanimisme des éditorialistes en faveur du « oui » lors du référendum sur le traité de Constitution européenne en 2005, les mouvements de panurgisme de la dernière campagne présidentielle (ô cette photo de journalistes parqués par dizaines dans une remorque à foin pour ne rater aucun mouvement du candidat Sarkozy juché sur un cheval en Camargue !), les professionnels de l’information peinent à redorer leur blason.
Même les défenseurs les plus zélés d’une presse supposée « indépendante des pouvoirs » se prennent à douter face à l’étalage des liens entre le président de la République et les principaux propriétaires de médias (2), au système de nomination et de révocation des présidents de chaînes publiques désormais piloté par l’exécutif, à l’installation rocambolesque de Christine Ockrent, compagne du ministre des affaires étrangères, au poste de directrice générale déléguée de l’audiovisuel extérieur, ou encore à l’éviction de France Inter des humoristes Didier Porte et Stéphane Guillon. (...)
Le scénario consistant à poser le problème des médias lorsqu’on séjourne dans l’opposition pour s’exonérer d’y porter remède lorsqu’on exerce le pouvoir comportera-t-il un nouvel épisode ? (...)