Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Méga-fichier « TES » et protection des données : examen européen en vue
Article mis en ligne le 23 février 2017

Nous questionnons la conformité du méga-fichier français « TES » avec les nouvelles règles européennes de protection des données personnelles. Eva Joly est mobilisée alors que le gouvernement français déploie ce dispositif à travers toute la France.

En novembre 2016, suite à l’adoption par le gouvernement français d’un décret rassemblant les informations de tous les passeports et cartes d’identité dans une base de données unique dénommée « titres électroniques sécurisés » (TES), plusieurs eurodéputés ont demandé à la Commission européenne d’évaluer la conformité de ce méga-fichier avec les standards européens de protection des données personnelles. Censé contenir des informations sensibles dont les empreintes digitales et les photographies de la quasi-totalité des Français, ce méga-fichier inquiète en effet les défenseurs des droits humains.

Un examen européen nécessaire

Bien que n’apportant pour l’heure aucun élément de fond qui permettrait de tarir de légitimes inquiétudes, la Commission européenne a finalement admis dans sa réponse du 3 février que la question méritait d’être étudiée. Plus de trois mois après la publication du décret français, la Commission a indiqué en « avoir pris note » et « se pencher sur les questions soulevées » par les eurodéputés signataires.

Toutefois, elle indique que les nouvelles règles européennes de protection des données, adoptées en mai 2016, ne seraient applicables qu’à partir de mai 2018. Seulement, la Commission feint d’ignorer ici que, même pendant le délai de transposition ou d’application, les États ont l’interdiction de prendre des mesures qui contreviennent aux objectifs de textes européens déjà adoptés (...)

C’est pourquoi les députés européens écologistes ont l’intention de déposer une nouvelle question écrite auprès de la Commission, en lui rappelant ce principe essentiel afin que le décret français soit examiné à l’aune des standards les plus récents en matière de protection des données. Surtout, l’objectif est de s’assurer que la Commission européenne se penche réellement sur les questions soulevées par les eurodéputés afin d’obtenir des réponses de fond à leurs questions légitimes. (...)

De nombreuses organisations comme la CNIL et le Conseil National du Numérique ont notamment regretté de n’avoir pu étudier d’autres systèmes alternatifs. Il existe en effet d’autres moyens d’atteindre le même objectif (la lutte contre l’usurpation d’identité), comme l’insertion d’une puce électronique contenant les données personnelles directement sur les cartes d’identité - et non sur un fichier centralisé susceptible d’être utilisé à mauvais escient voire piraté. (...)

Les rapports d’audit de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et de la Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC) ont conclu que la sécurité de ce méga-fichier était « perfectible », en particulier le système de chiffrement censé protéger les données biométriques (...)