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Mélancolie de la fin du monde
/ Mačko Dràgàn Journaliste
Article mis en ligne le 11 décembre 2021
dernière modification le 10 décembre 2021

La fin du monde ne m’a jamais effrayé. Au contraire. À vrai dire, je ne suis pas sûr d’aimer assez l’humanité pour angoisser à l’idée de sa disparition. Surtout, je trouve cet imaginaire, la fin de tout qu’on connait, riche en questions fascinantes, liées à ce nous sommes prêts, individuellement et collectivement, à sacrifier – ou au contraire, à défendre jusqu’à la fin, voire même, après la fin.

(...) j’ai toujours été très sensible à l’imaginaire de la fin du monde, qui est, pour moi, un prisme permettant de traiter la plupart des grandes questions qui tiraillent notre opaque époque. (...)

Tout l’imaginaire collectif contemporain, dans les faits, est saturé des thématiques de la fin du monde.

« La pornographie », écrit Robert Jensen, « voilà à quoi ressemble la fin du monde. » (2) Et difficile de ne pas admettre que notre époque, en ce sens, est puissamment pornographique, avec sa perpétuelle monstration du désastre, dont l’actualité récente, dans ce climat de guerre civile fantasmée et ressassé à longueur d’antenne par les réacs’ de tous poils, le tout dans son habillage pandémique, nous présente chaque jour des preuves, de la parodie glaçante de « Poème sur la 7ème » de Johnny réalisée par Z sur fond de décadentisme paranoïaque, aux quasi-émeutes causées ici et là par celles et ceux qui tentent de ne pas se laisser abattre, et que des hordes de flics hurlants et robotisés viennent sauvagement tabasser. Et on ne compte plus les films et les séries abordant ces questions (...)

Et la mélancolie de la fin du monde, c’est sans doute se demander pourquoi attendre que tout soit perdu pour se battre afin de sauver ce qui ne mérite pas d’être sacrifié. Certes, je ne suis pas sûr d’aimer assez l’humanité, mais ce dont je suis sûr, c’est que j’aime énormément de gens au sein de cette humanité, et que le combat vaut le coup.