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La Marseillaise
Menacé d’expulsion car sans-papiers, Sefo, jeune lycéen de Victor-Hugo, est passé devant le tribunal administratif pour plaider sa cause. Mobilisation impressionnante de son comité de soutien.
Article mis en ligne le 7 avril 2014

8h45, hier, rue Breteuil (6e). Quatre lycéens de Victor-Hugo (3e) posent des calicots et des cartons. « Dans deux ans je vote, aujourd’hui je dis non », « Tous unis pour Sefo ».

Sefo, leur camarade de classe, se rend au tribunal administratif de Marseille, avec son avocat, pour attaquer la décision préfectorale d’expulsion de la famille.

« Sefo, c’est quelqu’un de bien, un type généreux qui travaille dur, témoigne Mohamed, 18 ans, en terminale ES (économique et social) dans la même classe. Je le connais depuis la seconde, j’ai vu ses efforts. Il parlait à peine français, on était obligé de communiquer en anglais ou en allemand pour qu’il comprenne. En seulement 2 ans, il maîtrise très bien notre langue. » Son professeur de philosophie, Julie Morisset, évoque le choc de la nouvelle : la demande d’asile déposée par la famille déboutée par la Cour nationale du droit d’asile et la riposte solidaire de toute la communauté scolaire avec une soirée de soutien lundi soir au lycée.

Soudain, ses mots sont couverts par des cris « Sefo, Sefo, Sefo », plus de cents lycéens et lycéennes, elles sont majoritaires, arrivent en manifestation. Parmi la foule bruyante, Sefo, 19 ans, visiblement ému : « ça me touche, c’est incroyable, je ne m’attendais pas à voir autant d’amis. C’est juste inimaginable. » Le jeune homme sait pourquoi il est en France et à Marseille. Outre les persécutions politiques dont son père a été victime pour ses engagements politiques en faveur de l’émancipation des Roms en Macédoine (ex-Yougoslavie), son oncle, également militant, a été assassiné en 1998. « Les Roms souffrent des inégalités sociales. Et font les plus durs boulots dont les autres ne veulent pas. Ils ne sont pas considérés comme des êtres humains. » Le gouvernement macédonien empêche les Roms de quitter le territoire pour leur interdire de demander l’asile en Europe. (...)

« L’éducation c’est fondamental pour moi et ma famille, c’est la base de notre société. Je veux rester en France, finir mes études ici. Je voudrais devenir avocat, avoir une vie normale. »

La décision du juge sera rendue dans deux à trois semaines. En attendant, Sefo est optimiste et espère construire sa vie dans le pays où sa famille, fuyant les persécutions, a choisi de vivre.