
Les États-Unis vont donc quitter la Syrie. Donald J. Trump a signé le décret ordonnant le retrait des troupes américaines engagées contre l’État islamique, estimant que Daech est vaincu : « après des victoires historiques contre l’État islamique, il est temps de rapatrier nos jeunes gens formidables ! »
Cette décision fait craindre le pire pour la Fédération démocratique de la Syrie du Nord, appelée également Rojava. Tout en mettant en place depuis 2013 un système politique innovant, démocratique, écologiste, féministe, anticapitaliste, ce territoire autonome du nord de la Syrie combat sur le terrain les djihadistes de l’État islamique. Sans soutien militaire des États-Unis, les Forces démocratiques syriennes, coalition armée à dominante kurde, risquent de se trouver affaiblies, en première ligne face à l’État islamique qui continue de contrôler certaines zones en Syrie et en Irak. (...)
Surtout, la décision de Trump laisse le champ libre au président turc Erdoğan, qui n’a jamais caché son intention de briser le Rojava. Car le Rojava est fortement appuyé par le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan en Turquie, qui a depuis longtemps abandonné l’idée d’un État-nation indépendant pour les Kurdes, au profit d’un « confédéralisme démocratique » au sein des frontières actuelles.
Mais le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, tout comme par les États-Unis et la France. En s’attaquant aux Kurdes du nord de la Syrie, le président turc Erdoğan cherche donc à empêcher le projet kurde du Rojava de faire école juste à côté des frontières turques. (...)
Les unités militaires turques se massent déjà à la frontière entre la Turquie et la Syrie [1].
L’expérience politique du Rojava apparaît de plus en plus menacée par ses multiples ennemis : hier Daech, aujourd’hui la Turquie, et demain peut-être le régime syrien de Bachar el-Assad. (...)