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Greek Crisis
Mensonge et barbarie
Article mis en ligne le 18 septembre 2015

Temps gris ensoleillé. La campagne électorale bat son... vide. “À Athènes l’atmosphère est subtile, d’où vient la finesse d’esprit des Athéniens”, écrivait Posidonios d’Apamée, philosophe stoïcien grec, il y a si bien longtemps. Éternelle constante pourtant, la métadémocratie des mémoranda et des empires, ce penchant tragique du monde “gouverné” dicte sa loi.

Les Grecs ne sont pas dupes, seulement, ils sont résignés. Le piège s’est refermé sur eux et sur leur dernier espoir. En fabriquer un tout nouveau... prendra alors un peu de temps. À travers ces élections où les résultats se présentent comme acquis d’avance et où, face à la “victoire” probable d’Alexis Tsipras, la Commission européenne se dit alors “sereine” et appelle de manière à peine dissimulée, à voter SYRIZA. À l’instar de Pierre Laurent d’ailleurs, le secrétaire national du PCF.

Ce dernier, contrairement à notre philosophe d’Apamée, il n’aurait préféré trahir... sa secte des stoïciens plutôt que la vérité. Sixième gauche... du très Bas-Empire européiste, bientôt totalement balayée de l’histoire car inutile, son (second) rôle... très positif dans l’accoutumance à la barbarie (la social-démocratie ayant déjà incarné le tout premier rôle) prendra fin, temps gris. D’où sans doute ce (léger) repositionnement de Jean-Luc Mélenchon, lorsqu’il s’affiche tantôt en interlocuteur des Lafazanistes de l’Unité populaire, et tantôt lorsqu’il signe avec Stefano Fassina, Zoe Konstantopoúlou, Oskar Lafontaine et Yanis Varoufákis, leur fameux texte commun : “Pour un plan B en Europe”.

Sur le bitume athénien on y découvre pêle-mêle, des brochures SYRIZA déchirées, des tracts des Aubedoriens néonazis avérés, cette fois émanant des quartiers chics de la néocolonie européiste appelant à... “Dire NON au mémorandum de la Gauche” et des brochures publicitaires invitant les... électeurs à “enfin refaire la salle de bains pour seulement 2200€”. Au même moment, entre SYRIZA et l’Union populaire, la bataille est engagée, pour ainsi montrer que chacune de deux formations jadis réunies sous le toit Syriziste finalement trop ouvrant, bénéficie très ostensiblement du soutien de tel groupe ou de telle section du parti de la gauche à travers l’Europe. (...)

Ces soutiens... passent évidemment largement inaperçus, et ils ne concernent en réalité qu’une poignée de militants, et encore. L’époque... du moment devient en réalité si grave, que tous ces soutiens ne pèsent plus grand-chose aux yeux de l’opinion, non pas parce qu’ils ne sont pas sincères, mais surtout, car ils illustrent une manière de faire de la politique appartenant au temps révolu des démocraties à l’occidental, surtout maintenant... que le financierisme européiste et autre, n’a plus que faire de cette... hérésie, héritée des siècles et des luttes populaires d’antan.

Plus près parfois de notre laps de temps historique que nos... tortues et autres Chéloniens de la gauche en Europe, les responsables du Centre médical métropolitain et solidaire d’Ellinikón près d’Athènes, n’iront pas recevoir le Prix du “Premier Citoyen”, récemment décerné par le Parlement européen. (...)

Sauf que pour les médecins et pour les bénévoles du Centre Solidaire d’Ellinikón, le lendemain... c’est déjà la mort conjuguée au présent :

“Le Parlement européen a décidé de nous attribuer le Prix du Citoyen européen pour 2015, en reconnaissance de la lutte que nous menons depuis près de 4 ans, au bénéfice des abandonnés de l’État officiel, des chômeurs, des patients non assurés, pour enfin bâtir une société meilleure. Cette lutte cependant, a été si nécessaire, justement parce que les politiques appliquées et qui continuent à s’appliquer dans notre pays, sont le résultat direct des pressions et des chantages exercés par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et l’Union européenne (UE), ce qui conduit à exclure du système de la santé, plus de trois millions de citoyens, chômeurs, sans abri et démunis”.

“L’Europe pour nous, comme pour la plupart des Grecs, pourrait être notre maison. Nous évoquons cette Europe des peuples, de la compréhension mutuelle et de la solidarité. Nous souhaitons même réaliser cette Europe que nous recherchons. Mais c’est avec tristesse et chagrin que nous voyons une Europe perdue dans les rouages de la bureaucratie, ceux des intérêts, financiers et des banques. (...)

“Le mot de notre médecin qui nous représente, Yórgos Vichas est clair : ‘les milliers de morts parmi nos patients non assurés, ou alors de ceux qui respirent autour de nous, ils nous regardent tous droit dans les yeux et de ce fait, (ils) ne nous permettent pas d’accepter ce prix’. Nous ne tournons pas le dos à l’Europe, ni aux peuples européens qui nous sont solidaires de manière impressionnante !”

“Nous nous devons par contre tourner le dos aux politiciens et aux institutions, telles que le Parlement, lesquelles depuis longtemps ne considèrent les vies humaines que comme étant de simples unités comptables. " (...)

Dans son récent communiqué du mercredi 16 septembre, le Centre médical solidaire d’Ellinikón, vient de dénoncer les nouvelles coupes sur le budget de la santé que le gouvernement Tsipras vient de signer. Il dénonce d’ailleurs sous un titre alors bien parlant : “la barbarie et les mensonges continuent”, l’inaction... active du gouvernement SYRIZA/ANEL et autant, l’usage du mensonge (par SYRIZA) lorsque cette formation politique prétend (en cas de réélection)... alléger les Grecs des méfais du mémorandum III, lorsqu’on sait que “la voie à suivre est déterminée, et seulement déterminée par ce troisième mémorandum, signé par le gouvernement précédent, cette politique sera mise en œuvre, quelle qu’il soit le nouveau gouvernement”. (...)

Les suicides se multiplient une fois de plus et les médias n’en parlent guère, les Grecs sont agités, tout le monde a le sentiment que le pire serait devant nous. C’est en cela que le dialecte de notre gauche parait parfois un peu... suranné devant l’énormité de l’exactitude qui nous assomme. La parole de l’Unité populaire ne fait pas toujours exception à cette règle, cependant, ses réunions publiques peuvent encore créer de l’émotion partagée. Pour faire vraiment renaître l’espoir c’est bien plus difficile... après la mutation SYRIZA. Cela prendra du temps, des luttes... et des larmes. (...)

Les plages se vident et l’espoir ne déborde pas les rues comme du temps des élections de janvier dernier. L’été c’était alors en janvier et l’hiver en... août. Seul un guitariste dans un petit carrefour près de l’Acropole, un immigré venu d’Afrique se montre immanquablement souriant, à défaut d’être rassuré peut-être, les badauds en tout cas apprécient très bien son grand sourire par les temps qui courent... à notre perte. Quelques rues plus loin, des touristes photographient nos monuments dédiés aux luttes pour la Démocratie datant des années 1960. Histoires... définitivement (?) décousues.
(...)