Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Acrimed
Michel Maffesoli, « expert » sociologique de pacotille
Article mis en ligne le 27 mars 2015

Sociologue professionnel ou, plutôt, détenant les titres et les positions académiques permettant de se présenter comme tel, Michel Maffesoli est un habitué des plateaux de télévision, des studios radiophoniques, ainsi que des colonnes de la presse écrite où il est régulièrement invité à s’exprimer en tant qu’expert des « évolutions sociétales » et de la « postmodernité ». Déjà fortement contesté au sein de la profession, un canular monté par deux de ses collègues sociologues et rendu public le 7 mars dernier, attestait une nouvelle fois du peu de consistance et de rigueur, c’est un euphémisme, de ses analyses sociologiques. Disqualifié scientifiquement, Michel Maffesoli, devrait en toute logique l’être aussi médiatiquement. Pourtant, vu le fonctionnement ordinaire du petit monde de l’expertise médiatique, tout porte à croire qu’il n’en sera rien…

(...) Ses écrits articulés autour des notions de « tribus », de « nomadisme » et de « postmodernité », étaient considérés depuis bien longtemps comme fantaisistes par la plupart des chercheurs en sciences sociales. En 2001, il provoquait l’ire d’une grande majorité de la communauté des sociologues en permettant à l’astrologue Elizabeth Teissier, de soutenir une thèse de sociologie portant sur… l’astrologie.

Discrédité scientifiquement, l’expert Maffesoli ne brille pas non plus par son indépendance. En 2010, Acrimed, relève qu’un auditeur l’avait pris en flagrant délit de conflit d’intérêt alors qu’il venait débattre des « apéros Facebook » sur France inter, tout en étant conférencier pour la fondation Paul Ricard… Pis, en 2011 c’est la présomption de neutralité et d’objectivité de notre « expert » qui vole en éclats lorsqu’il commet aux éditions Albin Michel un ouvrage intitulé Sarkologies. Pourquoi tant de haine(s) ?, qui relève plus du panégyrique du Président en fonction et du pamphlet ultraréactionnaire que de l’essai de l’intellectuel engagé. (...)

Une star médiatique

Ainsi, si les médias sélectionnaient leurs experts en fonction de leur seule crédibilité scientifique et intellectuelle, cela ferait bien longtemps que nous aurions été privés des élucubrations de Maffesoli… Pourtant, une simple recherche dans « Google actualités » permet de constater qu’il n’en est rien. Trois de ses derniers ouvrages parus en 2014 (un pamphlet : Les nouveaux bien-pensants, avec Hélène Strohl, Éditions du Moment ; un ouvrage sociologique : L’ordre des choses : Penser la postmodernité, CNRS Éditions) et début 2015 (un essai : Le Trésor caché. Lettre ouverte aux francs-maçons et à quelques autres, Léo Scheer) ont donné lieu à des recensions ou à des interviews dans nombre de titres de la presse nationale et régionale. Peu de sociologues, et même de chercheurs en sciences sociales peuvent en dire autant…

Sa présence dans les médias ne se limite pas cette très généreuse attention prêtée à ses publications. Michel Maffesoli, en tant que prophète d’un futur déjà là, est l’interlocuteur attitré des nombreux journalistes à la recherche perpétuelle de nouvelles « tendances sociétales » (...)

À tout ceci s’ajoutent ses activités (intenses)… d’éditorialiste. Michel Maffesoli signe en effet un tel nombre de tribunes sur Atlantico, Le Figaro et Le Point, et sur des sujets « d’actualité » si brûlants, que l’on peut sans peine lui attribuer ce titre – qu’on en juge à travers ces quelques exemples : « Michel Maffesoli : mensonge de Taubira, de la gauche morale au cynisme d’Etat » ; « Michel Maffesoli en "divergent accord" avec Éric Zemmour » ; « Houellebecq a raison, les Lumières sont éteintes » ; « Un mois après l’élan du 11 janvier : ce qui n’a (toujours) pas été dit, ce qu’on devrait laisser dire » ; toujours à propos des manifestations du 11 janvier, « Michel Maffesoli : rites piaculaires » ; « De Riyad à Paris, à la rencontre des ennemis acharnés de la Saint Valentin » ; etc.

***

Le décalage, pour ne pas dire le gouffre, entre le crédit dont Michel Maffesoli jouit dans les médias et celui qui est le sien au sein de la communauté scientifique, aussi atterrant soit-il, ne devrait pas étonner outre mesure. Après tout, de mystérieux « synergologues » semblent en passe de devenir les nouvelles coqueluches de l’analyse politique dans les médias…
(...)