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Misère de l’information sur l’Europe des mobilisations sociales
Article mis en ligne le 10 mai 2011
dernière modification le 9 mai 2011

Les années 2010 et 2011 ont été marquées, dans de nombreux pays européens, par des manifestations contre les politiques de rigueur budgétaire ; en 2010, ce fut le cas notamment en Grèce, en Roumanie, en Allemagne, en Italie, en Espagne ou encore en France. Plus récemment, en ce début d’année 2011, la Grande-Bretagne et le Portugal ont connu des mobilisations relativement exceptionnelles.

L’occasion pour nous d’élargir notre observation du traitement médiatique des mobilisations sociales en France à d’autres pays, comme nous l’avions fait en mars 2010 dans notre article « Loin, très loin, de la Grèce et de ses grèves : le journalisme en panne d’Europe »

L’information sociale a rarement vocation à faire la « une » des titres de presse et des journaux télévisés. Pour être médiatisées, les mobilisations sociales doivent « faire l’évènement », soit par leur ampleur, soit par leurs conséquences parfois spectaculaires (violences, notamment). Ce qui est valable pour la France l’est a fortiori pour les mobilisations sociales dans d’autres pays d’Europe. (...)

 Il y a les mobilisations dont on ne parle pas ou peu, et qui passent quasiment inaperçues.

Ainsi, le 31 mai 2010, en Roumanie, les principaux syndicats appelaient à une grève générale illimitée, pour s’opposer à de considérables coupes budgétaires (avec notamment une baisse de 25% des salaires de la fonction publique).

Cette grève, assortie d’une manifestation, participait et participe d’un mouvement social d’autant plus significatif qu’il s’inscrivait dans la durée (...)

 Il y a les mobilisations dont on parle un peu plus. Ce fut des grèves générales en Grèce de février et mars 2010 (dont le traitement médiatique fut un exemple éloquent de la misère de l’information sociale sur les pays européens, comme nous l’avons relevé dans l’article déjà mentionné) ou des mobilisations sociales en Irlande à la fin de la même année. (...)

Si « l’actualité sociale » dans ces deux pays a retenu quelque peu l’attention, c’est sans doute. à proportion de leur caractère spectaculaire. Mais aussi, comme le montrent la quasi-totalité des articles publiés sur l’Irlande, parce que les mobilisations sont l’occasion de mettre en valeur les interventions de l’Union européenne et du FMI. Celles-ci, évidemment, ne sont pas étrangères aux mobilisations… Mais tout se passe comme si les manifestations ne sont évoquées que parce qu’elles offrent un « angle » pour parler de la zone euro et de sa crise et que les articles s’insèrent ainsi dans la rubrique « économie » (...)

Ce n’est donc pas grâce aux grands médias que l’on apprendra ce que vivent et ce que veulent les peuples d’Europe quand ils se mobilisent. Et qu’ils bénéficieront d’une égalité de traitement à la mesure de la solidarité européenne complaisamment revendiquée sur d’autres fronts. (...)

Comme le montre le champ lexical employé pour détailler le lot des mesures et des dispositifs qui visent à mettre en œuvre l’« austérité », le problème et sa solution relèvent de la médecine, voire de la chirurgie.
(...)

La « cure de rigueur » (ou « potion amère » lorsqu’elle est « drastique ») est une « thérapie de choc » qui se compose de « coupes budgétaires », « efforts d’ajustements » et de « sacrifices ». Elle apparaît en fait comme une sorte de « régime de rigueur » qui peut être auto-administrée dans le cadre d’un « budget ambitieux », ou par un tiers (l’Union européenne, le FMI…). Elle permet de « restaurer la compétitivité » et la « confiance des marchés », comme on perd un peu de poids pour retrouver une silhouette attirante et séduire à nouveau.

Florilège - « Dans la foule bigarrée, on trouvait tous ceux qui, de près ou de loin, commencent à sentir les effets de l’amère potion gouvernementale. »
(...)

À force d’évoquer la crise économique, les politiques menées et surtout leurs effets sociaux dans le langage de maladies contagieuses et des traitements de chocs, les acteurs des mobilisations sociales sont, volontairement ou non, présentés comme des patients réfractaires à la seule politique possible. (...)

Dès lors, que reste-t-il à connaître des mobilisations sociales et à comprendre de leurs motivations ? Fort peu de choses en vérité. Que reste-t-il à débattre ? Rien.(...)
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