
#JeMeMobilisePour |De plus en plus de mobilisations humanitaires s’organisent désormais en dehors des traditionnelles ONG et associations. De la Birmanie à la Turquie en passant par la Tchétchénie, paroles de citoyen.ne.s mobilisé.e.s.
Le but de l’opération lancée par Amnesty International est de "mettre fin aux violations subies par des femmes, hommes ou communautés partout dans le monde et faire prendre conscience à chacun de son pouvoir pour défendre les droits humains".
Mais l’engagement et la mobilisation en faveur des droits humains ne passent plus seulement par les ONG. De plus en plus des citoyens se mobilisent, et arrivent parfois à s’organiser ponctuellement en faveur d’une cause qui les a touchés.
"C’est nous qui créons de l’espoir"
Il y a notamment eu la mobilisation citoyenne spontanée pour dénoncer le sort de migrants subsahariens en Libye, vendus comme esclaves. Autre exemple récent et parlant : l’opération #LoveArmyForRohingya ("Armée de l’Amour pour les Rohingyas") organisée par le Youtubeur Jérôme Jarre et à laquelle ont participé de nombreuses personnalités des réseaux sociaux ainsi que l’acteur Omar Sy. Le but ? Inonder les réseaux sociaux de messages pour alerter sur la situation désastreuse des Rohingyas, minorité musulmane persécutée de Birmanie. Ces dernières semaines, plus de 600 000 personnes ont fui la Birmanie et l’épuration ethnique qui s’y déroule, pour trouver refuge au Bengladesh.
L’opération #LoveArmyForRohingya a permis de récolter près d’un million et demi de dollars de dons en 48 heures.
Avant cela, des citoyens de plus en plus nombreux se sont mobilisés en faveur de cette minorité ethnique, considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde (...)
."Au début, je me plaignais un peu car ça ne faisait pas réagir. On organisait des galas auxquels ne participait que peu de monde. Idem pour les conférences : les salles étaient loin d’être remplies. Mais ces derniers temps, grâce à la médiatisation de la situation des Rohingyas, on remplit les conférences. Avant, on en faisait en moyenne une par mois. Aujourd’hui on croule sous les demandes".
Sakina a toujours été "sensibilisée aux régions en conflit". RDC, Syrie… Mais le peu de mobilisation pour les Rohingyas l’a convaincue de s’engager. (...)
Benjamin Gauthier a décidé avec son ami de créer l’association "Urgence Tchétchénie".
"La base, c’est le ras-le-bol de signer une énième pétition sur Facebook. On voyait passer des pétitions sur la Tchétchénie sur Facebook, on signait comme tout le monde. En se déculpabilisant un peu. Parce que c’est vrai qu’on est tous devant la télé à se dire : ’c’est horrible’. Et ensuite, on passe à autre chose. Finalement, on ne fait pas grand-chose".
En créant l’association, ils veulent se rendre utiles. L’idée est d’abord de s’informer exactement sur la situation sur place. Mais rapidement, ils sont sollicités pour venir en aide à un citoyen tchétchène qui a fui le pays suite à une arrestation et plusieurs contrôles de police qui ne laissaient rien présager de bon. Très vite, la toute jeune association va s’organiser pour accueillir en France le premier réfugié homosexuel tchétchène. (...)
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Mobilisations et engagements citoyens
01/12/2017
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#JeMeMobilisePour |De plus en plus de mobilisations humanitaires s’organisent désormais en dehors des traditionnelles ONG et associations. De la Birmanie à la Turquie en passant par la Tchétchénie, paroles de citoyen.ne.s mobilisé.e.s.
Manifestation citoyenne à Paris contre l’esclavage en Libye, le 24 novembre 2017.
Manifestation citoyenne à Paris contre l’esclavage en Libye, le 24 novembre 2017.• Crédits : JULIEN MATTIA / NURPHOTO - AFP
Le but de l’opération lancée par Amnesty International est de "mettre fin aux violations subies par des femmes, hommes ou communautés partout dans le monde et faire prendre conscience à chacun de son pouvoir pour défendre les droits humains".
Mais l’engagement et la mobilisation en faveur des droits humains ne passent plus seulement par les ONG. De plus en plus des citoyens se mobilisent, et arrivent parfois à s’organiser ponctuellement en faveur d’une cause qui les a touchés.
"C’est nous qui créons de l’espoir"
Il y a notamment eu la mobilisation citoyenne spontanée pour dénoncer le sort de migrants subsahariens en Libye, vendus comme esclaves. Autre exemple récent et parlant : l’opération #LoveArmyForRohingya ("Armée de l’Amour pour les Rohingyas") organisée par le Youtubeur Jérôme Jarre et à laquelle ont participé de nombreuses personnalités des réseaux sociaux ainsi que l’acteur Omar Sy. Le but ? Inonder les réseaux sociaux de messages pour alerter sur la situation désastreuse des Rohingyas, minorité musulmane persécutée de Birmanie. Ces dernières semaines, plus de 600 000 personnes ont fui la Birmanie et l’épuration ethnique qui s’y déroule, pour trouver refuge au Bengladesh.
L’opération #LoveArmyForRohingya a permis de récolter près d’un million et demi de dollars de dons en 48 heures.
Avant cela, des citoyens de plus en plus nombreux se sont mobilisés en faveur de cette minorité ethnique, considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde.
"J’ai pris connaissance de cette cause il y a trois ans. Via les réseaux sociaux. Car on ne donnait pas trop d’importance à la situation des Rohingyas à l’époque. Ça n’interpellait pas beaucoup de monde" explique Sakina, 25 ans. Cette étudiante est désormais bénévole au sein du collectif HAMEB (Halte Au Massacre en Birmanie). Le déclic a eu lieu à l’occasion d’une conférence sur la situation des Rohingyas :
A partir de ce moment-là, face à certains témoignages, j’ai eu envie de m’engager. Je me suis mis à leur place et je me suis dit : ’dans cette situation qu’est-ce que j’aimerais que l’on fasse pour moi ?’
Désormais chargée de l’événementiel au sein de l’association, elle a pu voir évoluer l’intérêt de l’opinion publique pour le sujet, au gré de la médiatisation. "Au début, je me plaignais un peu car ça ne faisait pas réagir. On organisait des galas auxquels ne participait que peu de monde. Idem pour les conférences : les salles étaient loin d’être remplies. Mais ces derniers temps, grâce à la médiatisation de la situation des Rohingyas, on remplit les conférences. Avant, on en faisait en moyenne une par mois. Aujourd’hui on croule sous les demandes".
Sakina a toujours été "sensibilisée aux régions en conflit". RDC, Syrie… Mais le peu de mobilisation pour les Rohingyas l’a convaincue de s’engager.
Quand les conditions le permettront, la bénévole aimerait se rendre sur place pour aider. Surtout les femmes. Car elles sont, avec les enfants, les premières victimes de l’épuration ethnique. Les associations ont également recensé de nombreux cas de viols en réunion commis par des soldats birmans sur des femmes Rohingyas.
Face à une crise qui risque de durer, Sakina compte rester investie le plus longtemps possible :
"Ça prendra des années. Mais c’est ça le militantisme : continuer à y croire même s’il n’y a plus vraiment d’espoir. Continuer car c’est nous qui créons de l’espoir".
"Ras-le-bol de signer une énième pétition sur Facebook"
Se rendre utile face à une urgence. C’est ce qui a poussé, il y a quelques mois, Benjamin Gauthier et Guillaume Mélanie à s’engager en faveur des personnes homosexuelles persécutées en Tchétchénie.
Il y a six mois, les premiers échos venus de l’étranger faisaient état d’une chasse aux homosexuels, dans ce pays du Caucase. Des informations plus ou moins vérifiées ont ensuite circulé sur les réseaux sociaux. C’est face à ce flou que Benjamin Gauthier a décidé avec son ami de créer l’association "Urgence Tchétchénie".
"La base, c’est le ras-le-bol de signer une énième pétition sur Facebook. On voyait passer des pétitions sur la Tchétchénie sur Facebook, on signait comme tout le monde. En se déculpabilisant un peu. Parce que c’est vrai qu’on est tous devant la télé à se dire : ’c’est horrible’. Et ensuite, on passe à autre chose. Finalement, on ne fait pas grand-chose".
En créant l’association, ils veulent se rendre utiles. L’idée est d’abord de s’informer exactement sur la situation sur place. Mais rapidement, ils sont sollicités pour venir en aide à un citoyen tchétchène qui a fui le pays suite à une arrestation et plusieurs contrôles de police qui ne laissaient rien présager de bon. Très vite, la toute jeune association va s’organiser pour accueillir en France le premier réfugié homosexuel tchétchène.
On n’est pas du milieu associatif, donc on a fait un peu tout dans le désordre, parfois pas très bien. On devait accueillir cette personne : lui trouver un visa, un hébergement. Il fallait de l’argent et donc faire un appel aux dons.
L’arrivée en France de ce Tchétchène, dont l’identité est tenue secrète pour des raisons de sécurité, a permis une médiatisation de la situation sur place. Les journalistes sont très nombreux à vouloir l’interviewer. C’est le sujet du moment. Cette exposition médiatique aide à sensibiliser d’autant plus facilement sur la situation en Tchétchénie. "Ces témoignages font que les gens prennent conscience de la situation qui devient très réelle pour eux" estime Benjamin Gauthier, conscient toutefois que médiatiquement, un sujet en chasse un autre. Et qu’il en va de même au sein de l’opinion publique : "les gens s’intéressent ponctuellement et c’est à nous de les intéresser tout le temps".
Pour la suite, le vice-président de l’association Urgence Tchétchénie aimerait étendre la problématique de la persécution des homosexuels. Déjà très occupée à suivre et soutenir les réfugiés tchétchènes, l’association devrait rapidement être rebaptisée "Urgence Homophobie".
"Des gens dans de nombreux pays appellent à l’aide. On a commencé à s’occuper de cas au Mali et en Côte d’Ivoire, explique Benjamin Gauthier. On aimerait traiter le problème de l’homophobie plus largement. Il y a une urgence en Tchétchénie, mais les problèmes sont partout ailleurs."
Alerter sur la situation des droits humains en Turquie
Les sujets et les formes de mobilisation ne manquent pas. La Turquie en est un bon exemple. Depuis un an et demi, en France, la mobilisation pour la défense des droits humains en Turquie a notamment pris les traits de deux avocats turcs. Un homme et une femme. Ramazan Demir et Ayse Acinikli. Tous deux emprisonnés pendant plusieurs mois avant d’être libérés.
Leur tort ? Etre avocats, Kurdes, et militer au sein d’associations des Droits de l’Homme jugées proches de l’organisation kurde PKK.
Dans leur combat, ils ont pu compter sur le soutien de plusieurs avocats français qui se sont mobilisés pour alerter l’opinion publique. (...)