
Un instantané de l’époque. Comme un exercice à blanc du pool d’agences de com internationales qui vont gaspiller des milliasses d’euros pour la « COP 21 », horizon indépassable de l’année 2015. Vous avez aimé les portiques, les bonnets, l’écologie non punitive de la croissance verte des territoires ? Accrochez-vous à la rambarde, on fonce force 10 vers le pire du pire et voilà à quoi ça va ressembler toute l’année 2015, le grand dessin animé du millénaire qui vient, storytellisé par l’armée des "show runners", idiots utiles de l’instrumentalisation du « Change » à toutes les sauces politiciennes…
D’abord les calèches… Là, Veolia s’est surpassé. Le 1er juillet dernier l’avocat de l’honorable Norbert Coulon, éleveur de son état à Saint-Malo-de-la-Lande annonçait, ravi, que la justice venait de condamner une filiale de Veolia à verser 1 million cent mille euros à son client.
Montjoie Saint Denis ! Notre monsieur Coulon refusait depuis un an de prêter ses chevaux au transport des visiteurs à destination du site, accusant Transdev, filiale de Veolia et de la Caisse des Dépôts, d’employer des cochers incompétents, et de mettre ainsi en péril la santé de ses animaux.
On veut bien le croire. Mais qu’est-ce que Veolia et la Caisse des Dépôts ont été se fourrer dans une affaire de diligence ?
En fait tout avait commencé bien longtemps avant avec la construction d’une digue, interdite aux voitures, digue qui allait permettre, en faisant disparaître l’épouvantable parking sur lequel se vautraient des millions de diesels à décalcomanies à deux pas de l’Archange, de remettre le Mont Saint-Michel à l’eau (quand la marée monte au galop comme cela s’apprend désormais en Chine, même si cela ne leur sera d’aucun secours quand les Trois Gorges vont s’effondrer), et donc de créer un service de calèches, qui acheminerait les touristes depuis le parking et l’arrêt de bus renvoyés loin dans les terres, jusqu’au pied du divin édifice et de l’omelette de la Mère Poulard.
On ne peut depuis lors accéder au Mont qu’à pied ou en navette auto ou hippomobile. Le pont-passerelle destiné à remplacer la digue-route menant au Mont-Saint-Michel étant devenu accessible aux piétons à partir du 22 juillet, avant d’être ouvert aux véhicules en septembre.
Evidemment l’édile local (UMP), et ci-devant hôtelier, accroché comme une moule (on y reviendra) à la tête du syndicat mixte en charge de la grandiose opération n’avait rien trouvé de mieux que de céder aux accords envoûtants des cornes de brume de Veolia et de la CDC, illustrant ici une nouvelle facette de l’exception française que tout le monde nous envie, surtout les Chinois, qui ont colonisé par milliards de milliers les escaliers revêches de notre abbaye, et prison de Blanqui, faudrait pas l’oublier non plus.
Ce qui devait arriver arriva. Veolia et la CDC poursuivaient l’éleveur pour rupture de contrat.
Mais le tribunal de commerce de Paris donnait raison à l’éleveur, indiquait son avocat, Patrick de Fontbressin. Transdev était condamné à lui verser 1 million d’euros au titre de la résiliation du contrat, 86.000 euros au titre des factures impayées et 10.000 euros pour procédure abusive, précisait l’avocat.
Les trois juges ont multiplié le montant annuel du contrat par le nombre d’années qui restaient à courir pour calculer l’amende, expliquait-il. « Mon client est ravi, il était complètement étranglé par Veolia qui ne le payait plus depuis octobre », ajoutait-il enfin.
A l’époque, dans un SMS adressé à l’AFP, Transdev se refusait à tout commentaire sur ces informations, annonçant simplement son intention de faire appel.
Le service d’accès au Mont-Saint-Michel en calèches n’avait repris progressivement que peu avant, en avril, après plus de quatre mois d’interruption. Transdev avait décidé d’acheter ses propres chevaux et d’embaucher un soigneur chargé de remettre en place le service.
Mais en août, le Syndicat National des Cochers, dont on espère qu’il a échappé à l’oeil inquisiteur de M. Macron, avait mis en doute la sûreté des calèches car un seul des 23 cochers de Transdev avait réussi des tests officiels, selon le syndicat.
Il est vrai que tout ceci se déroulait avant le lancement de « l’encapsulage » de Messieurs Frérot et surtout Franqui, qui vont sous-louer les personnels surnuméraires de Veolia Eau à des marchands de kebabs, pourvu qu’ils soient qataris, et tous autres capitaines d’industrie qui n’auraient pas encore été étranglés par les charges honnies de Monsieur Gattaz, lumineuse avancée sociale contre laquelle se mobilise à raison une improbable intersyndicale de la Générale des eaux (et des calèches hippomobiles ce qui rappellera le bon temps de la rue d’Anjou, et du baron Haussmann). (...)