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Reporterre
Mort de Rémi Fraisse : les gendarmes sont poursuivis pour « faux témoignages » et « subornation de témoins »
Article mis en ligne le 18 janvier 2017

Après des mois d’enquête, les juges d’instruction en charge de l’affaire Rémi Fraisse ont décidé de clore leur travail, sans qu’aucun responsable ne soit mis en examen. Mais l’affaire n’est pas finie pour autant : désormais, les avocats ont porté plainte contre les enquêteurs eux-mêmes et les responsables civils et militaires du drame.

(...) En l’état, l’instruction sur la mort de Rémi Fraisse sur le chantier illégal du barrage de Sivens en octobre 2014, s’oriente donc vers un pur et simple non-lieu.

Une issue qui désespère le père de Rémi, Jean-Pierre Fraisse : « Il y a quand même eu mort d’homme, à 20 ans, c’est presque encore un enfant. C’est tellement absurde ce qu’il s’est passé, vous le savez bien à Reporterre, avec le travail que vous avez mené, il ne se passait rien à l’endroit où était Rémi quand il a été tué par les gendarmes. C’est surréaliste qu’on s’achemine vers un non-lieu. »

Pourtant, plusieurs rebondissements pourraient venir bousculer ce scénario. En effet, ce mercredi 18 janvier, les avocats de la partie civile viennent de déposer une plainte pour "faux témoignages" contre trois gendarmes interrogés dans le cadre de l’enquête sur la mort de Rémi Fraisse : le maréchal des logis J., jusqu’ici principal mis en cause, le major A., commandant du peloton qui se trouvait à proximité de Rémi Fraisse et le commandant L. du groupement tactique de gendarmerie déployé ce soir-là. Trois personnages clefs dans la compréhension des évènements et dans la chaîne de commandement militaire présente sur place.

« Il y a des contradictions flagrantes entre les différentes auditions de militaires, dit Jean-Pierre Fraisse, ce sont des personnes assermentées qui changent de version entre leurs auditions. » (...)

Parallèlement, à Toulouse, deux autres plaintes sont lancées. La première concerne l’Inspection générale de la Gendarmerie Nationale (IGGN). C’est elle qui avait été chargée par les juges d’instruction de mener les auditions de l’ensemble des témoins, à partir de janvier 2015 jusqu’au printemps dernier.

Or, l’un des enquêteurs, le capitaine M., chef de la section de recherche de Toulouse, est aujourd’hui accusé de "subornation de témoins". C’est justement ce capitaine qui avait été identifié par plusieurs témoins à qui nous avions donné la parole et qui dénonçaient des pressions psychologiques au cours de leur audition, notamment concernant un point clef : la présence de gendarmes en dehors de leur zone d’opération au moment de la mort de Rémi Fraisse.

Enfin, une troisième plainte est en cours de dépôt à Toulouse contre le préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, accusé d’homicide involontaire. Ce serait ainsi le premier responsable civil mis en cause dans la chaîne de commandement des opérations de gendarmerie du 25 octobre 2014. Malgré des demandes répétées, les juges d’instruction toulousaines n’ont jamais accepté d’entendre ni M. Gentilhomme, ni son directeur de cabinet, Yves Mathis, qui était alors en charge du dossier Sivens. Ce sont pourtant eux qui représentaient l’autorité de l’Etat dans le département au moment des faits.

En décembre dernier, dans son rapport, le défenseur des droits pointait justement le « manque de clarté et les incompréhensions entourant les instructions données aux forces de l’ordre par l’autorité civile ». (...)