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Morts de la rue : la liste infinie
Article mis en ligne le 1er janvier 2020
dernière modification le 31 décembre 2019

Chaque année, à l’arrivée du froid, les pouvoirs publics vantent leurs dispositifs d’hébergement d’urgence pour les sans-logis. Chaque année pourtant, les victimes mortelles de l’exclusion sociale se comptent par centaines, voire par milliers. Le collectif Les Morts de la rue se bat pour leur dignité.

Chaque année, à l’arrivée du froid, les pouvoirs publics vantent leurs dispositifs d’hébergement d’urgence pour les sans-logis. Chaque année pourtant, les victimes mortelles de l’exclusion sociale se comptent par centaines, voire par milliers. Le collectif Les Morts de la rue se bat pour leur dignité. (...)

Tout en haut de la liste, il y a ces deux prénoms : Damian et Ladislav. Il y a leur âge, 38 et 37 ans, puis un lieu : le 10e arrondissement de Paris. Viennent ensuite Jeff, 34 ans, à Cavaillon (Vaucluse) ; Thibaut, 26 ans, à Grenoble (Isère) ; et enfin Willy, 47 ans, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Pour tous, la même date : 1er janvier 2019.

Début octobre, le collectif Les Morts de la rue (CMDR) décomptait déjà 317 décès de personnes « sans chez-soi » en 2019 dans l’Hexagone [1]. Pour toute l’année 2018, il en avait recensé 566. Le nombre réel est sans doute « trois ou quatre fois supérieur », estime Guillaume Keller-Ruscher, de l’association strasbourgeoise Grain de Sable, relais alsacien du CMDR.

Bien que les médias n’en parlent qu’en hiver, la Grande Faucheuse ne prend pas de congés avec le retour des hirondelles : dans la rue, on meurt toute l’année. Et on y meurt jeune : sur la période 2018-2019, le CMDR a calculé un âge moyen de décès de 48 ans, là où le quidam moyen peut espérer dépasser les 82 ans...

Manque de moyens

Ces constats accablants posent évidemment la question de la prise en charge sociale de la grande pauvreté, alors que le 115 [2] est structurellement saturé. (...)

Autre réalité piquante : d’après les données du CMDR, environ 30 % des morts de la rue sont des exilés. Pour les demandeurs d’asile, les places d’hébergement de droit manquent par dizaines de milliers. Et puis, « une fois qu’ils sont déboutés et qu’ils n’ont pas de titre de séjour, c’est comme s’ils n’existaient plus pour les institutions », déplore Germain Mignot, de Caritas Strasbourg. Gageons que la circulaire émise cet été par le ministère de l’Intérieur n’arrangera rien : elle demande que les Services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO) communiquent chaque mois à l’Ofii (Office français de l’immigration et l’intégration) la liste des personnes demandeuses d’asile ou réfugiées hébergées par le 115. De quoi en inciter plus d’un à préférer la rue à un foyer d’où il risquerait l’expulsion vers le pays qu’il a fui… (...)