
Raphaël Graven, alias « Jean Pormanove », est décédé dans la nuit du 17 au 18 août 2025, lors d’une émission en direct sur la plateforme Kick, après des années de sévices de la part des co-animateurs de la chaîne. Plusieurs collectifs dénoncent la diffusion d’un contenu violent, validiste et dangereux.
(...) Plusieurs associations et collectifs ont dénoncé l’extrême violence des contenus diffusés à des fins lucratives et la situation d’emprise dans laquelle étaient Raphaël Graven et « Coudoux », un homme handicapé qui subissait également des moqueries et des violences. Nous avons interrogé Laure Salmona, cofondatrice et directrice de Féministes contre le cyberharcèlement, et Johanna-Soraya Benamrouche, cofondatrice de Féministes contre le cyberharcèlement et du collectif antivalidiste Corps Dissidents. (...)
À la suite de la mort de Raphaël Graven, vous avez dénoncé le validisme à l’œuvre sur la chaîne Kick. Pourquoi ?
Dans une publication sur notre compte Instagram, nous avons parlé de « validisme monétisé » puisque les lives de la chaîne Kick Jean Pormanove, grosse manne d’argent pour Owen Cenazandotti, Safine Hamadi et Kickreposaient sur de nombreuses atteintes à la dignité, agrémentées d’insultes et de concepts validistes comme des « batailles de Cotoreps » ou l’émission « Questions pour un golmon », visant à permettre au public de se moquer des candidat·es handicapé·es selon des stéréotypes très répandus.
Les personnes handicapées sont victimes de cyberviolences multiples et massives : moqueries, injures, menaces, surveillance, harcèlement sexuel et moral, fétichisation, prédation. On le voit ici avec Raphaël Graven, poussé dans un état physique extrême à plusieurs reprises sans que cela n’entraîne de l’aide ou l’arrêt des sévices. Ses pathologies chroniques étaient pourtant connues et comprises des agresseurs. Ils ne les prenaient pas au sérieux, s’en moquaient.
Il n’y avait aucune place pour l’humanisation de son être. Il était dépendant des animateurs de la chaîne, alors dépossédé de sa capacité d’agir, mis en scène et raconté par des hommes valides et admirés qui profitaient de violences à son encontre.
Sur Kick, Owen Cenazandotti et Safine Hamadi sont aux manettes d’une chaîne qui cumule plus de 180 000 abonné·es et « géraient » les revenus de leurs victimes. Le public, complice, les encourage et paye pour les voir torturer des personnes vulnérables en direct. (...)
Il n’y avait aucune place pour l’humanisation de son être. Il était dépendant des animateurs de la chaîne, alors dépossédé de sa capacité d’agir, mis en scène et raconté par des hommes valides et admirés qui profitaient de violences à son encontre.
Sur Kick, Owen Cenazandotti et Safine Hamadi sont aux manettes d’une chaîne qui cumule plus de 180 000 abonné·es et « géraient » les revenus de leurs victimes. Le public, complice, les encourage et paye pour les voir torturer des personnes vulnérables en direct. (...)
Coudoux, au départ spectateur de l’émission et sous le statut de curatelle, ne reçoit pas d’argent. Il subit un statut qui le prive de toute indépendance administrative, légale. Les streamers l’ont bien compris et sont allés trouver des personnes vulnérabilisées par la précarité, les violences institutionnelles et validistes pour produire leur émission. Ils profitent des stigmates qui reposent sur eux, de leur condition et de leur isolement pour les piéger et les manipuler.
Aujourd’hui dans la presse, la défense déclare : « toutes les personnes de l’émission étaient consentantes ». Nous répondons : il n’y a pas de consentement possible dans une situation d’emprise. Coudoux, au départ spectateur de l’émission et sous le statut de curatelle, ne reçoit pas d’argent. Il subit un statut qui le prive de toute indépendance administrative, légale. Les streamers l’ont bien compris et sont allés trouver des personnes vulnérabilisées par la précarité, les violences institutionnelles et validistes pour produire leur émission. Ils profitent des stigmates qui reposent sur eux, de leur condition et de leur isolement pour les piéger et les manipuler.
Aujourd’hui dans la presse, la défense déclare : « toutes les personnes de l’émission étaient consentantes ». Nous répondons : il n’y a pas de consentement possible dans une situation d’emprise.