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Greek Crisis
Muraille d’échines
Article mis en ligne le 14 mars 2015

Sur les murs de la ville, les enfants d’Athéna crayonnent leur espoir de la voir un jour se remettre. La ville, comme peut-être la déesse. En attendant... les mentalités athéniennes décampent de jour en jour. À l’aune de la nouvelle guerre... verbale mais essentiellement économique entre la Grèce et l’Allemagne, elles quittent alors les derniers chantiers battus du vernis européiste.

Vue... d’en bas, la couleur grecque devient de plus en plus locale, tandis que d’en haut, le gouvernement SYRIZA/ANEL rouvre enfin certains dossiers très gênants pour l’élite allemande et autant pour ses “amis” de la “gouvernance” européiste.

Les masques ne tiennent plus quoi qu’il advienne politiquement, à court ou à moyen terme. Les trois petits artisans athéniens récemment rencontrés au hasard des cafés sont bien unanimes sur ce point : “Maintenant, c’est à dire depuis SYRIZA au pouvoir, nous avons les preuves. L’Europe c’est une truanderie et l’Allemagne y joue la chef. Ils veulent nous exterminer lentement mais sûrement par l’économie. Il faut changer de cap, leur dire carrément m...”

Le gouvernement SYRIZA/ANEL reprend en effet le triple dossier historique : les réparations de guerre proprement dites, le remboursement du prêt forcé “consenti” par la Grèce à l’Allemagne pendant l’occupation, et enfin, les dédommagements des familles des victimes du massacre emblématique de Dístomo. Rappelons qu’à cet Oradour-sur-Glane grec, le 10 juin 1944, les troupes Waffen-SS de la 4e division SS Polizei Panzergrenadier, sous le commandement du SS-Hauptsturmführer Fritz Lautenbach, firent... du porte à porte pour massacrer les habitants. (...)

Comme je l’ai expliqué en accordant une interview cette semaine aux journalistes de la chaîne ARTE (le thème de leur reportage porte sur les bénéfices et les scandales se référant aux entreprises allemandes en Grèce depuis le temps de la Troïka), tout ce contexte historique et mémoriel ne serait pas... réanimé de la sorte, en dehors du contexte géopolitique, de la dette et de l’euro, sous la maîtrise... très précise des élites politiques de l’Allemagne actuelle. Après c’est l’inconnue, et enfin, jeudi 12 mars, la Grèce par la voie diplomatique, vient officiellement de protester pour les propos insultants tenus par Wolfgang Schäuble à l’égard des politiques grecques. Du côté allemand l’argument présenté en réponse, fait état d’un problème de traduction... et ainsi de suite.

En réalité, il n’y a plus besoin de (trop) de traduction pour se faire la part des choses dans les relations entre les deux pays. “Pour finir par dire la vérité, il vous faut arriver à ne plus rien attendre” peut-on lire sur un mur d’Athènes, la phrase est du poète Yannis Rítsos. (...)

Le comité scientifique du Bundestag confirme qu’Athènes n’a jamais légalement renoncé aux réparations, qu’elle est en droit de les réclamer et qu’au moins sur la question du “prêt forcé”, la position allemande est indéfendable.

Et déjà, les responsables en Allemagne du parti Die Linke (Gauche), se sont publiquement exprimés récemment pour dire que la Grèce a raison de déclamer des dédommagements s’agissant en tout cas du “prêt forcé”.

Sauf que loin des réparations allemandes, nos autres vies, souvent mises entre parenthèses errent dans les rues, loin des préoccupations géopolitiques. Ces dernières finissent ainsi... par être paraphrasées ici ou là, lorsque par exemple la question du retour à la drachme redevient d’actualité... chez les antiquaires et brocanteurs du quartier de Monastiráki, tous nous disent qu’il y a comme un soudain engouement... politique, pour certaines vielles pièces.

Sauf que sans aucune paraphrase possible, la paupérisation de la population poursuit pour autant dans son inexorable... destin. (...)

“C’est le coup de grâce. Les clients se font très rares car tout le monde attend... l’inconnu”, me disait un artisan-réparateur du centre-ville. Le contexte actuel se précise sans se stabiliser, tout le monde réalise alors que l’âpreté des négociations à Bruxelles, tout comme l’urgence des mesures annoncées par le gouvernement pour faire face à la crise humanitaire, ne feront pas forcement relever le pays demain matin.

Les premières affiches critiques de la part de certains mouvements de gauche, ont fait ainsi leur apparition sur les murs d’Athènes. (...)

Les Grecs espérant encore, soutiennent leur gouvernement, cela-dit tout en adoptant un regard moins ingénu, voire critique, sur le temps politique qui passe et qui les... laisse un peu derrière la porte du futur, supposé réellement existant. (...)