
Nous ne sommes probablement pas ceux que nous pensons être.
J’ai fini par me demander qui j’étais quand je me suis rendu compte que des pans entiers de ma vie étaient repartis dans le néant d’où le présent fugace et insaisissable avait réussi à les extraire. Même si ce n’est jamais aussi facile que cela. Parce que l’on n’a pas réellement conscience de l’existence passée, de ce qui a disparu.
Quand tu partages l’essentiel de ton quotidien avec la même personne pendant plus d’un quart de siècle, forcément, la mémoire devient collective, presque fusionnelle et tu as une réelle sensation de continuité. La plupart des choses importantes se sont jouées entre quatre yeux et sont stockées sur au moins deux cerveaux qui n’interrompent jamais réellement le flux d’informations entre eux.
Jusqu’au jour où l’un se souvient de ce que l’autre a l’impression de n’avoir jamais vécu.
C’est un peu glaçant, cette disparition. (...)