
Depuis septembre 2017, la Ruche a hébergé et accompagné plus de cinquante jeunes en recours devant le juge des enfants pour obtenir la reconnaissance de leur minorité, dans un bâtiment du Conseil Régional laissé auparavant à l’abandon.
Le 20 juin, après 2 mois de relances multiples, le collectif de La Ruche a obtenu une réunion multi-partite composée de la préfecture, du Conseil Départemental, du Conseil Régional, et d’une représentante de l’Etat, dans le but de trouver une solution décente de prise en charge des jeunes habitants.
Le Conseil Départemental proposa d’attendre que tous les jeunes actuellement présents sur les lieux aient fini leur recours devant le juge des enfants, pour permettre ensuite au Conseil Régional de récupérer le bâtiment, initialement prévue à fin juin 2018. Le Conseil Régional propose, en conséquence, de repousser la date butoir pour quitter le bâtiment au 13 août afin de permettre aux recours d’avoir lieu.
C’est en réalité une fausse solution. Le collectif de La Ruche ne peut pas envisager de laisser plusieurs lits vides dans le lieu, s’il reste encore un mois d’occupation possible. En effet, La Ruche n’existe qu’à cause de l’absence de dispositifs de mise à l’abri pour les jeunes en attente d’une décision du juge des enfants. Ainsi, tant qu’aucun dispositif de ce type ne sera mis en place, il est impossible que le bâtiment soit vidé : un départ entraîne systématiquement l’arrivée d’un nouveau jeune dans le lieu. Nous ne pouvons décemment refuser le gîte et le couvert à ces adolescents qui, sans cela, risquent simplement de mourir dans nos rues.
Le Collectif de La Ruche, soutenu par citoyens et associations, notamment celles du collectif Mineurs Isolés Etrangers, demande aux pouvoirs publics la création d’un dispositif de prise en charge des jeunes, jusqu’alors ni majeurs ni mineurs, en attente pendant plusieurs mois d’une décision du juge des enfants.
Cela, pour plusieurs raisons :
• Nous remettons en cause la qualité des évaluations effectuées par le SAEMNA. Celles-ci sont subjectives, aléatoires, et basées sur une présomption de majorité qui nous apparaît déplacée. D’autant plus que la majorité des jeunes effectuant un recours sont par la suite déclarés mineurs.
• La reconnaissance de la minorité est actuellement un véritable parcours du combattant, entre la violence institutionnelle permanente et l’absence d’accompagnement décent, qui leur permettrait d’avoir toutes les informations nécessaires.
• Le monde de la rue n’est absolument pas un endroit où il est facile de rassembler ses papiers, et de prendre le temps pour effectuer un recours.
• Chaque mois qui passe est un mois de moins dans la prise en charge, et un mois de plus dans le vécu déjà particulièrement difficile de ces jeunes. Plus on attend, plus il sera difficile pour eux de sortir de leurs parcours d’errance
• Enfin, rappelons simplement que dans la rue, ils connaissent le froid, la faim, souvent la violence ; rappelons la mort d’un jeune Ivoirien de 15 ans en mai 2017, dans un parking où il avait trouvé refuge...
C’est pourquoi nous vous invitons le jeudi 05 juillet à 11h45 devant l’Aide Sociale à l’Enfance, sur l’Esplanade Charles de Gaulle, où les différentes associations et collectifs prendront la parole. Certains jeunes auront aussi l’occasion de se saisir de ce temps de parole.
Nous ne voulons plus voir de jeunes mourir dans les rues de la Gironde.