
Le gouvernement est entrain de bloquer le travail des enquêteurs de l’ONU sur le respect des droits de l’enfant en France. @EmmanuelMacron et @CaubelCharlotte doivent impérativement répondre de leurs engagements envers les droits les plus fondamentaux des enfants !
— Utopia 56 (@Utopia_56) June 16, 2022
La visite fait jaser : la secrétaire d’État chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, s'est rendue à Saint-Brevin-les-Pins pour soutenir le candidat de la majorité Yannick Haury, accusé d’agression sexuelle par son ancienne binôme LR Marie-Christine Curaudeau #legislatives
— Nils Wilcke (@paul_denton) June 17, 2022
(...) Pour appuyer leurs demandes, les associations ont fourni au Comité de nombreuses données quantitatives et qualitatives, y compris des éléments concrets issus d’expériences de terrain illustrant des violations graves et systématiques des droits des MNA par la France, et notamment leur droit à une protection inconditionnelle. L’accès aux soins, à l’hébergement ou encore à l’éducation sont également abordés dans le document de 80 pages, qui conclut sans équivoque qu’en France, les droits de ces mineurs privés de la protection de leur famille ne sont pas respectés.
La saisine attribue les violations dénoncées à deux facteurs principaux : le déni de minorité dont sont victimes ces enfants et qui les prive du dispositif national de protection de l’enfance, et les inégalités de traitement de ces enfants au sein du territoire français.
Par ailleurs, l’insuffisance des ressources financières, humaines et matérielles allouées par l’État aux départements responsables de la prise en charge de ces enfants, associée à l’absence d’une autorité de contrôle ou de coordination nationale effective, fragilisent tout effort de protection des droits de ces enfants particulièrement vulnérables.
Tandis que des milliers de MNA présents sur le territoire français voient leurs droits bafoués quotidiennement, l’intervention du Comité des droits de l’enfant doit aboutir à la reconnaissance légale d’une “présomption de minorité”. Malgré les recommandations du Conseil Constitutionnel, de la Cour européenne des droits de l’homme et du Comité lui-même, celle-ci fait aujourd’hui défaut en France. Elle permettrait pourtant de faire enfin primer la protection de l’enfance sur toute autre considération (y compris la lutte contre l’immigration irrégulière), dans le respect de “l’intérêt supérieur de l’enfant”.
Actuellement, des milliers de mineurs non accompagnés ne peuvent compter que sur l’aide des associations et de collectifs citoyens engagés, alors que chacun d’entre eux devrait relever, comme tout mineur présent sur le territoire, de la protection de l’enfance à la charge des pouvoirs publics français.
Lire aussi :
– L’ONU ouvre une enquête en France sur les violations des droits des mineurs non accompagnés (8 avril 2022)
Saisi en mai 2021 par des associations notamment le Cofrade et Kids Empowerment, le Comité des droits de l’enfant de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) va mener une enquête en France concernant la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA).
Le Conseil français des associations pour les droits de l’enfant (Cofrade) et Kids Empowerment ont, en mai 2021, avec le soutien d’associations et de collectifs citoyens, saisi le Comité des droits de l’enfant de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) afin de dénoncer « les violations graves et systématiques des droits des mineurs non accompagnés (MNA) observées en France ». Après plusieurs mois de silence, le Comité des droits de l’enfant - siégeant à Genève et chargé du contrôle de l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE) par les États parties - a informé, le 23 mars, les associations qu’une enquête serait menée « sur le fondement de l’article 13 du Protocole additionnel » à la CIDE.
"Rien ne garantit que le futur gouvernement coopère de manière volontaire et transparente" (...)
« Avec l’annonce de cette enquête, nous avons franchi une étape essentielle », se satisfait Armelle Le Bigot-Macaux, présidente du Cofrade. Cette annonce s’inscrit dans un contexte où la politique française d’accueil et d’accompagnement des MNA est sous le feu des critiques. En février 2022, Claire Hédon, la Défenseure des droits avait rendu un rapport sévère dénonçant la mauvaise prise en charge des mineurs non accompagnés et avait formulé 32 recommandations afin de « faire progresser l’effectivité des droits » pour ces mineurs.
Mais pour la présidente du Cofrade, « rien n’est encore joué, car rien ne garantit que le futur gouvernement coopère de manière volontaire et transparente pour faire toute la lumière sur la situation alarmante de ces enfants. » En effet, le Protocole facultatif prévoit que « l’enquête se déroule dans la confidentialité », et que l’État français est simplement « sollicité à tous les stades de la procédure ».
Est-ce alors une simple victoire symbolique pour les associations ? Maître Camille Oberkampf répond par la négative. « Cette décision du Comité des droits de l’enfant est contraignante pour la France car l’enquête sera menée. Certes, il n’y a pas de contrainte car l’Etat français n’est pas obligé d’accepter, par exemple, une visite sur le territoire national des enquêteurs envoyés par les Nations-Unies. Cette procédure est inédite. Elle a été très peu utilisée car le protocole qui la prévoit a été adopté il y a quelques années seulement. Une seule enquête a été menée jusqu’à son terme au Chili au sujet des conditions d’accueil des enfants dans les orphelinats. Elle a d’ailleurs conduit à la refonte du système de l’aide à l’enfance du pays », explique l’avocate.
Autre point d’interrogation pour les associations requérantes : le facteur temps, car ni le Comité des droits de l’enfant ni l’État français ne sont tenus à respecter des délais impartis dans l’avancement de l’enquête. (...)
Pour l’heure, si le Cofrade se satisfait de l’annonce de cette enquête, il ne cache pas sa crainte de voir « ces lacunes » du Protocole facultatif conduire à « de possibles atermoiements sur ce sujet hautement sensible, à propos duquel la responsabilité des pouvoirs publics ne fait aucun doute. » Un dossier dont hériteront les futurs locataires de l’Elysée et Matignon.