
Si les soignants sont, à juste raison, salués pour leur dévouement, il est des professions qui, pour rester trop souvent invisibles, n’en font pas moins preuve elles aussi de détermination. Après avoir évoqué les éducateurs spécialisés et assistante de service social, ce blog rend hommage aux familles d’accueil mettant tout en œuvre pour accompagner les jeunes avec qui elles vivent au quotidien.
La France vit en confinement depuis plus de 35 jours.
Nous sommes Assistants Familiaux comme 40 000 autres collègues en France et nous accueillons la moitié des jeunes placés à l’Aide Sociale à l’Enfance.
Pour permettre à ces jeunes de vivre et de s’inscrire ou de se réinscrire dans la vie sociale, l’Assistant Familial doit etre un tuteur solide, capable de supporter les problématiques que l’enfant ou l’adolescent emporte avec lui et apporter une base sécure et enrichissante, appropriée à l’ensemble de ses besoins et indispensable à sa construction.
Nous accompagnons, soutenons, éduquons des enfants « écorchés », « abimés » par la vie. (...)
nous aussi, nous sommes en confinement ... Tous ces jeunes sont avec nous (entre un et quatre jeunes suivants les FA) et nous les accompagnons 24h/24 et 7jrs/7, comme tout au long de l’année. A la différence que pendant la durée du confinement, nous n’avons pas le moindre répit, plus la possibilité de prendre un congé sur nos 35 jours annuels, plus de WE « repos », plus de moments intimes avec nos propres enfants et nos conjoints.
Nous constatons que bien qu’étant des soignants, à part entière, des maux de personnes fragiles, on ne parle quasiment ni des Familles d’Accueil, ni des enfants pris en charge même si on commence à apercevoir quelques articles concernant les Maisons d’Enfants à Caractère Social ou les Foyers.
Notre métier est complexe et méconnu. En ce temps de confinement, il est oublié. (...)
Actuellement, ces jeunes, tout comme nous, ne peuvent plus sortir : leur école, leur IME ou leur ITEP sont fermés.
Alors que nous faisons de notre mieux et allons continuer à faire de notre mieux afin de les accompagner à grandir, à accepter, comprendre et décrypter ce difficile moment. Nous avons dû rajouter à toutes nos casquettes portées jusque-là au quotidien, celle d’instit, de prof, en l’absence d’un cadre scolaire qui est le plus souvent indispensable pour un grand nombre de nos jeunes accueillis.
Nous recevons les émotions diverses et variées de ces jeunes et nous devons les aider à les gérer bien entendu. Ensuite, il nous faut pouvoir les travailler, les évacuer.
Nous, assistants familiaux, devons « assurer », être forts pour eux, pour éviter qu’ils aillent encore plus mal, pour accompagner leur mal-être qui va s’amplifier avec le temps : ils ne voient plus leurs familles, ne rencontrent plus leurs pairs, ne sortent plus.
Tout comme nous... nous ne sortons plus, nous ne voyons plus ni amis, ni collègues, ni nos familles élargies, nous travaillons sans relâche, sans répit, mais nous sommes là pour les enfants accueillis. (...)
Après le confinement, notre métier riche de pleins de petits Bonheurs, mais si complexe, va avoir besoin de bienveillance et de reconnaissance au vu de ce que nous aurons traversé.
Reconnaissance en permettant aux Assistants Familiaux qui le souhaitent de prendre des congés, en convainquant nos élus de nous accorder une prime. Et même, obtenir des temps de repos supplémentaires pour récupérer toute l’énergie que nous déployons.
Bienveillance, mot clé de notre association de Familles d’Accueil qui questionne : une fois le confinement fini, les Assistants Familiaux et leurs familles auront, chacune et chacun besoin d’être écoutés, entendus, compris dans ce qu’ils auront traversé. (...)