
C’est finalement le projet de coopérative présenté par les salariés de Nice-Matin qui a été retenu par le Tribunal de commerce. Une solution qui préserve le maximum d’emplois et garantira une certaine indépendance du titre. Dans le contexte de crise de la presse écrite, le lien avec les lecteurs sera essentiel. Le choix de la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) comme forme juridique prend tout son sens dans ce contexte.
(...) En face de celui-ci, deux offres étaient présentes : celle du géant belge des médias, le groupe Rossel, et celle de Georges Ghosn, l’ancien propriétaire de France-Soir et de la Tribune. Si ces deux offres étaient financièrement supérieures, elles se montraient dévastatrices en termes d’emplois : 376 départs (soit un tiers des effectifs) pour la première et 228 pour la seconde. L’offre de la SCIC ne compte aucun licenciement sec mais 159 départs « volontaires » correspondant à environ 15 % des effectifs. C’est sans doute cet aspect qui a remporté la décision du Tribunal de commerce, d’autant que l’offre s’est financièrement consolidée depuis sa première mouture. (...)
À noter qu’à l’inverse du Conseil régional Provence Alpes Côte d’Azur, le Conseil général des Alpes Maritimes que la ville de Nice ont refusé de participer à ce tour de table. Avec ce montage, Bernard Tapie ne participera pas à la coopérative comme cela avait été envisagé initialement. Il récupère la totalité de Corse Matin, journal rentable dont ils possédait déjà 50 %.
Cette décision du Tribunal de commerce constitue une grande victoire des salariés comme en témoigne le communiqué du SNJ, membre de l’Union syndicale Solidaires. Nice-Matin devient ainsi le quatrième titre de presse détenu sous forme coopérative avec Alternatives économiques, Regards et le tout dernier venu, le Journal toulousain. (...)
A la différence d’une SCOP dans laquelle les salariés doivent détenir plus de 50 % du capital, la SCIC est organisée en plusieurs collèges qui se partagent le pouvoir selon un pourcentage prédéterminé. Deux collèges doivent obligatoirement exister, celui des salariés et celui des usagers, auxquels se rajoutera très certainement celui des financeurs. La clé du succès de la relance de ce journal réside dans le lien qu’il saura créer avec ses lecteurs. Le succès de la levée de fonds auprès du public nous montre leur engagement dans le maintien de son existence. La présence d’un collège des lecteurs permettra de dépasser les seules relations marchandes existantes entre les salariés et les usagers.
Bonne chance à cette nouvelle coopérative de presse.