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Nicolas Demorand : « C’est formidable, ça s’appelle la démocratie et le service public ! »
Article mis en ligne le 14 juin 2018

Dans la matinale d’Inter, « vous avez la parole au 01 45 24 7000 » annonce chaque jour Nicolas Demorand. Un peu moins de dix minutes pour des paroles d’auditeurs libres, mais libres… sous caution : celle de ne pas critiquer le travail de la maison, sous peine d’être sermonné puis coupé, puis sermonné à nouveau par Nicolas Demorand, comme un nouvel auditeur en fit les frais mardi 12 juin [1].

En ce mardi 12 juin, tout allait normalement bien sur France Inter. Députée LREM et présidente de la commission des Affaires sociales, Brigitte Bourguignon était invitée à venir expliquer que la politique sociale d’Emmanuel Macron allait voir le jour « à partir de maintenant » ; invitée à confier qu’elle avait eu « peur [des] premiers mois, [du] pan libérateur d’une économie où on libérait d’abord et ensuite on protégeait l’individu », mais que cette peur vite s’était vite dissipée car, somme toute, « [ils ont] fait cette protection ».

Tout allait normalement bien sur Inter. Nicolas Demorand et Léa Salamé n’avaient pas grand chose à redire sur la communication de la députée, ni aucune remontrance journalistique bien sentie à lui opposer quand ses monologues tournaient à l’oxymore (...)

un insolent allait tenter une critique au micro, en réaction aux derniers propos de la députée avec, en prime, une petite effronterie à l’encontre des médias dominants :

Bonjour, juste une réaction à chaud là, sur ce qui vient d’être dit. Quand on entend que pour la réforme de Pénicaud, il n’y a pas eu de violence, je voudrais juste recadrer un peu les choses par rapport à toute la répression policière que le mouvement social a dû endurer depuis de longs mois maintenant. Plus la complicité des médias qui effectivement ne disent rien des grèves, des souffrances, des douleurs réelles de tous ces gens qui prennent des risques pour que la société change en bien.

Une intervention cavalière aussitôt commentée (et interrompue) par Nicolas Demorand, garant du bon ordre des choses :

Je ne sais pas si vous avez écouté les journaux juste ce matin sur France Inter. Je vous laisse libre de faire tous les éditoriaux que vous voulez Nicolas, avez-vous une question pour Brigitte Bourguignon ?

Belle parade rhétorique que celle qui consiste à interrompre quelqu’un tout en le proclamant libre de sa parole. Belle ironie, également, que celle de qualifier d’ « éditorial » un propos qui déplaît à son interlocuteur, a fortiori quand le reproche émane de Nicolas Demorand, dont on sait à quel point les interviews sont dépouillées de tout parti-pris éditorial, comme Acrimed a eu maintes fois l’occasion de le relever, en particulier lors des mouvements sociaux récents ! Mais l’insolent n’en démord pas :

 Auditeur : Je ne fais pas d’éditorial monsieur Demorand mais quand, comme vous, on est complice d’un pouvoir alors que vous êtes sur un service public, on devrait avoir honte de certaines… de faire ça… [Coupé]
 Nicolas Demorand : On va s’arrêter là Nicolas parce qu’il y a malheureusement très très peu de temps et que visiblement, vous n’aviez rien à demander à Brigitte Bourguignon. Mais vous avez pris la parole et c’est formidable, ça s’appelle la démocratie et le service public.(...)